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Dernière mise à jour: 25/10/04

Quelques considérations préliminaires concernant le Rapport Windsor

Traduction de la lettre "A word to the Church" envoyée le 18/10/2004 par l’Evêque Président Frank Griswold. Il s’agit d’une réponse à la publication le même jour du Rapport Windsor (en anglais) de la Commission Lambeth chargée de trouver des moyens de maintenir l’unité entre les Eglises de la Communion Anglicane (les caractères gras ont été rajoutés par le traducteur).


Le 18 octobre 2004
En la fête de Saint Luc

Une Parole à l’Eglise
Quelques réflexions préliminaires concernant le Rapport Windsor

Chers frères et sœurs,

Je vous écris de Londres où je participe à une réunion de la Commission des Primats (Primates’ Standing Commitee). J’ai eu l’occasion de consacrer des heures à passer en revue le Rapport de la Commission Lambeth sur la Communion, et c’est la raison pour laquelle je ne livre pour l’instant que quelques observations préliminaires. La réflexion concernant ce rapport, qui représente près de 100 pages, prendra un temps considérable. Dans les prochains mois, il sera discuté au cours de nombreux rendez-vous, incluant la rencontre du Concile Exécutif en novembre, ainsi que la rencontre d’Hiver de la Chambre des Evêques en janvier. Après avoir eu l’opportunité d’une étude et d’une réflexion plus poussées, j’aurais davantage de choses à dire concernant le travail de la Commission.

Les membres de la Commission, présidée par l’Archevêque Robin Eames, ont de tout évidence mené leurs travaux avec beaucoup de soin et une grande diligence, et le fait qu’ils soient arrivés à un Rapport unanime, pouvant leur laisser à présent un moment de répit, n’est pas un mince aboutissement.

La Commission a été contrainte de prendre en considération de nombreux points, souvent conflictuels. C’est la raison pour laquelle le Rapport sera sans aucun doute lu dans les prochains jours selon différents points de vue et interprété de nombreuses manières. Il est extrêmement important de le lire attentivement comme un tout et de le considérer globalement plutôt que de le lire de manière sélective afin d’ étayer des perspectives particulières.

En tant qu’anglicans, nous interprétons et vivons l’Evangile dans des contextes multiples, et les circonstances de nos vies peuvent nous conduire à des interprétations et des points de vue largement différents. Ma première lecture du Rapport montre sa préoccupation de limiter les différences au service de la réconciliation. Toutefois, si nous ne dépassons pas cette maîtrise et si nous ne nous acheminons pas vers un lieu où nous puissions reconnaître et faire de la place aux différences qui continueront de toute façon à être présentes au sein de notre Communion, nous rendrions un mauvais service à notre mission. Une vie de communion ne doit pas seulement bénéficier à l’Eglise mais au monde entier. Chacun d’entre nous, quelque soient nos différents points de vue, doit accepter l’invitation qui lui est faite de considérer plus profondément ce que cela signifie de vivre une vie de communion, enracinée dans la connaissance qu’ « en Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui-même ».

Compte tenu de l’importance que le Rapport donne aux difficultés occasionnées par nos différentes manières de comprendre l’homosexualité, je suis contraint, en tant qu’Evêque Président, de réaffirmer la présence et la contribution positive des personnes gay et lesbiennes à tous les aspects de la vie de notre Eglise et à tous les ordres des ministères. Les autres Provinces sont également bénies par la vie et le ministère des personnes homosexuelles. Je regrette qu’il existe des lieux, au sein de notre Communion, où ces personnes ne peuvent pas parler en toute sécurité à partir de la vérité de ce qu’elles sont.

Le Rapport sera reçu et interprété de différentes manières au sein des Provinces de la Communion, selon la compréhension que nous avons de la nature de la sexualité et de son expression appropriée. Il est important de souligner ici que, dans l’Eglise Episcopale, nous cherchons à vivre l’évangile dans une société où l’homosexualité est discutée ouvertement et de plus en plus reconnue dans tous les secteurs de la vie publique.

Au cours des trente dernières années, notre Eglise a écouté les expériences et a réfléchi à partir du témoignage des personnes homosexuelles dans nos congrégations. Parmi nous, certains perçoivent le fruit de l’Esprit comme étant profondément présent dans la vie de chrétiens gays et lesbiennes, à la fois à l’intérieur de l’Eglise et dans leurs relations avec les autres. Cependant, d’autres personnes, tout aussi dignes de confiance, considèrent que les relations de même genre sont contraires aux Ecritures. En conséquence, nous continuons à être en prise avec les questions relatives à la sexualité.

Je note ici que le Rapport recommande que des moyens pratiques soient trouvés pour mettre en œuvre le processus d’écoute recommandé par la Conférence de Lambeth en 1998, avec comme perspective une meilleure compréhension de l’homosexualité et des relations de même genre. Le Rapport demande également que l’Eglise Episcopale contribue à la discussion en cours. J’accueille volontiers cette invitation et je sais que nous nous tenons prêts à faire une contribution aux discussions et au discernement à venir quant à la place et au ministère des personnes homosexuelles dans la vie de l’Eglise.

Le Rapport appelle notre Communion à la réconciliation, ce qui ne veut pas dire que les différences doivent se limiter à un seul point de vue. En fait, mon expérience me montre que la réalité fondamentale de l’Eglise Episcopale est le centre diversifié, où un même engagement envers Jésus-Christ et un sens de la mission en son nom au service d’un monde brisé et perturbé viennent dépasser les opinion variées que nous pouvons avoir sur un certain nombre de sujets, y compris l’homosexualité. Le centre diversifié se caractérise par un esprit de respect mutuel et d’affection plutôt que d’hostilité et de suspicion. C’est pourquoi j’aimerais que l’on puisse utiliser, dans d’autres parties de la Communion, certains des moyens qui nous ont appris à reconnaître Christ dans l’autre, et ce malgré nos opinions profondément divergentes.

En tant qu’Evêque Président, je sais que je parle au nom des membres de notre Eglise quand je dis que nous attachons la plus grande valeur à notre Communion et aux liens d’affection que nous partageons. C’est la raison pour laquelle nous regrettons que les actions de notre Eglise aient été si difficiles et si douloureuse pour beaucoup de Provinces au sein de notre Communion, et nous regrettons les répercussions négatives qui ont été ressenties par les frères et sœurs anglicans.

Dans « une Parole à l’Eglise » qui suivait la rencontre de notre Maison des Evêques en septembre, nous écrivions ce qui suit : « nous croyons que nos relations avec les autres rendent réelles et mettent en évidence l’amour réconciliant de Dieu pour toute la création. Notre responsabilité mutuelle, l’interdépendance et la communion sont des dons de Dieu. C’est pourquoi nous accordons une grande valeur et sommes profondément enrichis par notre participation à la Communion Anglicane. Nous tenons aussi à la « comprehensiveness » anglicane et à sa capacité à laisser de la place aux différences ».

Une section du Rapport recommande le développement d’une alliance qui soit conclue par les provinces de la Communion. Cette notion nécessitera d’être étudiée avec un soin particulier. Alors que nous-mêmes et d’autres provinces explorent l’idée d’une alliance, nous devons le faire tout en sachant que la « comprehensiveness » anglicane nous a donné la capacité, au cours des siècles passés, de maintenir ensemble ceux qui souhaitent voir des frontières claires et nettes, et ceux qui préfèrent des frontières larges et perméables. Tout au long de notre histoire, nous avons réussi à vivre avec cette tension entre, d’une part le besoin de frontières claires, d’autre part celui d’une espace permettant à l’Esprit de s’exprimer de façon originale dans des contextes variés.

Le Rapport s’adresse à chacun de nous, quelque soit notre position. Il est enraciné dans une théologie de la réconciliation, et une compréhension de la communion en tant que don du Dieu trinitaire. C’est pourquoi il est, pour chacun de nous, une invitation à occuper sérieusement la place où nous nous trouvons en ce moment-même, mais à la faire avec une vision du futur qui doit encore se révéler.

Me viennent ici à l’esprit les paroles de l’Archevêque Eames dans l’avant-propos du Rapport : « ce rapport n’est pas un jugement. Il fait partie d’un processus. Il fait partie d’un pèlerinage vers la guérison et la réconciliation ». C’est mon vœux le plus cher que nous nous engagions dans ce pèlerinage avec un esprit de générosité et de confiance patiente, non seulement dans l’intérêt de notre Eglise mais avant tout dans l’intérêt du monde que le Seigneur est venu sauver en venant parmi nous ».

Le Plus Haut Révérend Frank T.Griswold
Evêque Président et Primat de l’Eglise Episcopale, USA


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