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Dernière mise à jour: 27/08/04

L'Eglise Episcopale et l'homosexualité

(Source anglaise: http://www.religioustolerance.org/hom_epis.htm)

Citations

Une réalité; deux points de vue

"Il y aujourd'hui deux religions au sein de l'Eglise Episcopale. L'une reste fidèle à la vérité biblique et accepte les Enseignements de l'Eglise, alors que l'autre les rejette" (Page d'accueil du site Concerned Clergy and Laity of the Episcopal Church).

"Il existe de plus en plus de lieux dans l'Eglise où les personnes lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres sont les bienvenus, où elles sont admises au ministère, et où leurs unions sont benies. Il y a cependant beaucoup plus d'endroits où elles ne sont pas encore complètement intégrées dans la vie de l'Eglise" (Julie Wortman, et al., "Claim the Blessing," Beyond Inclusion, Statement on the theology of blessing, sur le site http://www.beyondinclusion.org/)

Introduction

L'Eglise Episcopale est l'une des provinces de la Communion Anglicane mondiale, qui inclut l'Eglise d'Angleterre et l'Eglise Anglicane du Canada. De toutes les dénominations aux Etats Unis, l'Eglise Episcopale, l'Eglise Presbytérienne et l'Eglise Méthodiste Unie sont sans doute celles qui vivent le plus grand nombre de conflits au sujet des droits de leurs membres gays et lesbiennes. Des dénominations chrétiennes plus libérales ont déjà accepté que l'homosexualité soit simplement une autre orientation sexuelle et considèrent qu'elle est normale, naturelle et moralement neutre. Des dénominations plus conservatrices sont restées attachées à la position chrétienne historique qui condamne les comportements entre personnes de même sexe, quelque soit la nature de leur relation.

Deux sujets liés concernant la sexualité sont actuellement l'objet d'une extrême tension au sein de l'Eglise Episcopale et de la Communion Anglicane:

- les gays et lesbiennes qualifiés mais vivant en couple doivent-ils pouvoir être odonnés prêtres ou consacrés comme évêques ?

- un rituel reconnaissant et bénissant les unions de même sexe doit-il être offert ?

Il semble qu'à ce jour la réponse à ces deux questions soit affirmative puisque:

- les délégués à la Convention Générale de 2003 ont confirmé la consécration de Gene Robinson comme évêque du New Hampshire, alors qu'il vit en couple avec un homme depuis plusieurs années.

- les délégués de la même convention ont approuvé à une écrasante majorité une résolution de compromis dont l'effet a été d'introduire une option locale dans l'Eglise: elle reconnait que certains prêtres ont déjà célébré des bénédictions de couples de gays et lesbiennes dans certains diocèses aux Etats Unis.

Aperçu général

L'Eglise Episcopale fait partie de la Communion Anglicane mondiale. Elle a survécu avec succès à des tensions majeurs qui n'ont pas provoqué de schismes. Elle est notamment restée unie:

- pendant les conflits du 19ème portant sur le racisme et les droits de l'homme, alors que beaucoup d'autres dénominations se sont séparées en groupes soutenant l'esclavagisme ou prônant son abolition.

- durant les débats récents du 20ème siècle portant sur le fait de savoir si les couples mariés devaient pouvoir accès à la contraception.

- durant les débats sexistes du 20ème siècle où l'on se demandait si les femmes qualifiées pouvaient être éligibles à l'ordination et devenir prêtres.

La fin du 20ème siècle et le début du 21ème siècle ont vu émerger une autre controverse sérieuse. Elle porte sur le fait de savoir si des gays et lesbiennes, sexuellement actifs et vivant en couple, devraient être éligibles à l'ordination (comme prêtres) et à la consécratiuon (comme évêques), et si l'Eglise devrait bénir les unions de couples gays et lesbiens qui s'aiment.

La Communion Angliane est profondément divisée sur ces sujets. Beaucoup des dirigeants des provinces situées en Amérique du Nord - l'Eglise Episcopale et l'Eglise Anglicane du Canada- sont généralement en faveur de l'égalite pour les gays et lesbiennes. Les provinces situées en Amérique du Sud, en Afrique, et en Asie, s'opposent complètement au fait d'offrir les mêmes droits (et rites) aux homosexuels. L'AAC (American Anglican Concil), le groupe Concerned Clergy and Laity of the Episcopal Church, ainsi que d'autres groupes conservateurs similaires s'opposent activement aux prêtres et évêques gays, et la bénédiction d'unions de gays et lesbiennes. Bien qu'ils forment l'aile droite de l'anglicanisme d'Amérique du Nord, ils sont en phase avec la majeur partie de l'anglicanisme dans le monde. Comme cela a été courant tout au long des récents siècles passés, l'Eglise semble d'avantage refléter la culture populaire locale que d'en être maître.

Les gays et lesbiennes célibataires et sexuellement actifs sont les bienvenus dans l'Eglise Episcopale et acceptés comme membres. Depuis 1979, l'Eglise autorise l'ordination d'homosexuels célibataires. Cependant, l'Eglise Episcopale avait pour politique traditionnelle de ne pas ordonner d'homosexuels sexuellement actifs, mais cela n'a jamais été officialisé dans les Canons de l'Eglise. En 1990, l'évêque Righter ordonna un homme gay vivant qui était engagé dans une relation de couple. Une audition eut lieu pour déterminer s'il devait être poursuivi pour hérésie. Les charges contre lui furent abandonnées le 15 mai 1996. Cela ouvrit la porte à d'autres évêques moins courageux qui purent ordonné sans crainte des homosexuels vivant en couple. Une association homosexuelle épiscopalienne estime que plus de 100 gays et lesbiennes ont été ordonnés comme prêtres et diacres aux Etats Unis.Le chanoine Gene Robinson, un homosexuel vivant en couple, fut élu évêque du New Hampshire en 2003. Son élection fut confirmée par la Convention Générale en 2003.

Quelle est la nature du conflit ?

Il y a beaucoup d'éléments qui expliquent les débats passionnés et émotionnels concernant l'homosexualité, que ce soit au sein de l'Eglise Episcopale ou du reste de la société/

Le péché lié au sexe

Des différences existent quant au fait de savoir si les activités homosexuelles sont toujours un péché. Une large majorité des épiscopaliens et des anglicans canadiens considèrent que le sexe en dehors du couple, le sexe non protégé, le sexe contraint, le sexe entre des personnes de la même faille, ou le sexe entre des personnes d'âge inapproprié, constituent des péchés, que ces actes soient commis par des personnes de même sexe ou de sexe opposé. Il n'existe toutefois pas de consensus sur la question de savoir si le comportement entre personnes de même sexe est systématiquement un péché.

La plupart des libéraux de l'Eglise Episcopale soutiennent que les mêmes règles s'appliquent aux couples de genre opposé et aux couples de même genre: le sexe n'est pas un péché s'il est protégé, non contraint, et vraiment consensuel, pratiqué par deux adultes vivant en couple.

La plupart des conservateurs soutiennent que le comportement entre personnes de même sexe est un péché de manière intrinsèque, et que les circonstances ou la profondeur des sentiments entre ceux qui y participent n'ont aucune importance.

La nature de l'homosexualité

Il n'y a d'accord entre conservateurs et libéraux sur ce qu'est l'homosexualité.

Beaucoup de conservateurs pensent qu'il s'agit d'un comportement, c'est-à-dire ce que fait quelqu'un. Il est choisi, anormal, et contre nature.

La plupart des libéraux pensent qu'il s'agit d'une orientation sexuelle, c'est-à-dire une partie de ce qu'on est. Elle n'est pas choisie, et elle est à la fois normale et naturelle pour une minorité d'adultes.

L'indépendance de la Convention Générale

Un autre aspect du débat, en tout cas au sein de l'Eglise Episcopale, est lié au degré d'indépendance d'une province anglicane par rapport à la Communion plus large. Il existe des désaccords sur le fait de savoir si une convention nationale ou régionale a l'autorité suffisante pour dévier des politiques établies par l'ensemble de la Communion Anglicane aux Conférences de Lambeth. Il s'agit de rassemblements qui ont lieu tous les dix ans et qui réunissent des délégués anglicans des provinces du monde entier. A la Conférence de Lambeth de 1998, la séparation devint flagrante entre les délégués d'Europe et d'Amérique du Nord qui soutenaient des droits égaux pour les gays et lesbiennes, et les délégués d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, qui condamnaient le concept. Finalement, une majorité des délégues vota une résolution déclarant notamment que:

- l'Eglise rejette "les pratiques homosexuelles comme incompatibles avec l'Ecriture".

- " au regard des enseignements de l'Ecriture...l'abstinence convient à ceux qui ne sont pas appelés au mariage [entre personnes de sexe opposé].

- l'Eglise "ne peut pas conseiller la légitimation ou la bénédiction ou l'ordination de ceux qui sont engagés dans des unions de même genre".

A sa Convention Générale en 2003, l'Eglise Episcopale a dévié de cette position. L'élection du Doyen Robison comme évêque a été confirmé. L'Eglise Episcopale a également reconnu que des bénédictions d'unions de même sexe étaient pratiquées.

L'interprétation de la Bible

Les anglicans conservateurs et libéraux s'opposent que les implications pour notre culture d'aujourd'hui des dix passages environ de la Bible qui semblent condamner certains comportements homosexuels. Ils n'arrivent pas à trouver un consensus sur la question de savoir si ces passages condamnent tout comportement homosexuel, ou s'ils ne condamnent que certaines activités spécifiques comme le viol homosexuel, la prostitution homosexuelle et les comportements homosexuels pratiqués par des personnes ayant une orientation hétérosexuelle.

Il existe aussi un conflit entre libéraux et conservateurs quant à la nature de la Bible elle-même. Est-elle la parole inerrante de Dieu, dont les enseignements sur la sexualité seraient valables pour toutes les sociétés dans tous les domaines, ou est-elle une série de documents écrits par des auteurs humains dont les connaissances en matière de sexualité étaient limitées ?

Les aspects financiers

Un autre aspect du débat porte sur le fait de savoir si les perdants dans le débat sur les droitss homosexuels riposteront en réduisant leur les contributions financières à leur congrégation locale et à la dénomination elle-même. Beaucoup d'églises locales sont dans une situation financière d'une extrême précarité, et ne pourront pas survivre longtemps à un soutien qui connaîtrait une baisse significative.

Pourquoi cette controverse touche-t-elle la Communion Anglicane aujourd'hui ?

La controverse était inévitable. On la rencontera dans toutes grandes dénominations du monde entier qui déterminent leurs politiques par des moyens démocratiques.

Sur les sujets moraux, les religions organisés tendent à suivre plutôt qu'à mener les tendances sociales au sein d'une culture donnée. Cela a été le cas dans les conflits qu sujet de l'esclave, de l'égalité de droits pour les femmes, de la décriminalisation des conseils et moyens contraceptifs, de l'ordination des femmes et d'autres conflits éthiques ayant une résonance religieuse. Ce phénomène est particulièrement vrai dans les affaires liées à la sexualité.

Avant les études de Evelyn Hooker qui ont provoqué un tremblement de terre dans les années 50, l'homosexualité était presque partout perçue comme une maladie mentale, et comme un comportement anormal et cpntre nature réservé à des pervers sexuels. Hokker publia la première recherche empirique pour remettre en question l'hypothèse dominante dans le milieu psychiatrique, à savoir que l'homosexualité était une maladie mentale. Son travail fut le point de départ de toute une série de recherches qui aboutirent finalement à retirer en 1974 l'homosexualité du manuel de diagnostique et de statistiques des maladies mentales (DSM) de l'Association Psychiatrique Américaine (APS).

Cependant, les religions organisées se sont adaptées aux nouvelles découvertes de manière plus ou moins rapide. En Amérique du Nord, les groupes religieux les plus libéraux -le Judaïsme Réformé, l'Unitarisme, l'Universalisme, l'Eglise Unie du Canada, l'Eglise Unie du Christ- ont rapidement modifié leurs croyances sur l'homosexualiuté afin de les adapter aux découvertes des recherches sur la sexualité humaine. A ce jour, les dénominations conservatrices n'ont pas encore commencé à changer significativement. Les dénominations les plus importantes sont maitenant sérieusement divisées sur le sujet.

L'Eglise Episcopale et l'Eglise Anglicane du Canada sont des dénominations dans lesquelles la question homosexuelle est débatue vigoureusement depuis des décénies. Au sein de ces dénominations, les libéraux soutiennent des droits et traitements égaux pour les gays et lesbiennes; les conservateurs y soutiennent le maintien des interdits actuels contre l'ordination d'homosexuels et la bénédiction d'unions de même sexe. Au sein de la Communion Anglicane mondiale, les provinces suivent chacune les tendances de leur culture locale. Les provinces d'Europe de l'Ouest, les Etats Unis et le Canada tendent à se placer à l'extrémité libérale de l'échelle; les provinces d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Asie tendent se placver sur l'extrémité conservatrice. Il sera naïf de penser que l'ensemble de la Communion Anglicane pourrait modifier ses croyances de manière coordonnée. La Communion Anglicane ne ressemble pas à l'Eglise Catholique Romaine dans laquelle un petit nombre de dirigeants peut établir, changer et imposer une politique. Elle est au contaire un groupe de provinces autonomes, qui suivent des voies séparées.

Le résultat est une Communion sérieusement divisée. Parce que les droits des gays et lesbiennes ont progressé d'avantage en Amérique du Nord et dans quelques pays d'Europe de l'Ouest, il était inévitable que les provinces américaines et canadiennes de la Communion Anglicane soient les premières à adpoter les politiques les plus libérales à l'égard des gays et lesbiennes, et que les autres provinces résistent à ce changement. Autrement dit, le conflit et les risques de schisme au sein de la Communion au sujet de l'homosexualité auraient pu être prévues depuis des décénies. On peut s'attendre à ce qu'ils se reproduisent au cours de ce siècle sur des prochains sujets liés à la sexcualité, incluant l'acceptation des transexuels, la sexualité pré-maritale et les unions libres.

 


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