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Dernière mise à jour: 27/08/04

Qui est Saint Aelred?

La mémoire de Saint Aelred de Rielvaux est célébrée le 12 janvier tant dans l'Eglise Episcopale que dans l'Eglise Catholique Romaine. C'est l'un des rares saints qui fut ouvertement gay (bien que la notion d'orientation homosexuelle soit inconnue à son époque).

Une Biographie de St Aelred

Il semble, à première vue, curieux de choisir ce saint pour modèle. Il fut en effet célibataire, moine dans l'ordre cistércien et vécut à Rielvaux, en Angleterre. Il entra dans les ordres e, 1134 à l'âge de 24 ans; en 1147 il devint abbé de Rielvaux jusqu'à sa mort 20 ans plus tard. Dans sa Règle de Vie pour un Reclus, écrite pour une ermite anonyme, il lui recommande vigoureusement de sauvegarder sa virginité des souillures aussi bien avec les hommes qu'avec les femmes. Il ne pensait pas cependant que sa propre sexualité fut entièrement sous son contrôle. En tant que maître des novices, responsable de la formation de jeunes hommes influençables, il trouva nécessaire de construire une cuve secrète dans laquelle il pouvait s'immerger dans de l'eau glacée pour brider ses passions physiques. Même dans ses derniers jours, malade et âgé, il trouvait que son célibat avait besoin d'une protection vigilante.

Mais Aelred , plus que tout autre saint, appréciait profondément l'amitié, qu'il faut entendre comme l'amour particulier entre deux individus. Notre tradition est très prolixte sur la charité universelle, l'amour de toute l'humanité. Nous entendons beaucoup moins de choses sur l'amour digne entre deux personnes, comme on le trouve par exemple entre Naomi et Ruth, ou entre Jésus et Jean, le "disciple bien aimé".

Parmi tous les dons qu'Aelred a donné à l'Eglise, le plus unique est sa joyeuse affirmation que nous nous rapprochons de Dieu dans et à travers nos relations avec les autres, et non sans ou malgré eux. Il est important de rappeler aussi qui étaient ces individus particuliers, dont l'amour enseigna à Aelred l'amour de Dieu. Aelred lui-même dit avoir perdu la tête pour un garçon puis un autre pendant qu'il fréquentait l'école. Il fut un homme aux passions fortes, qui parlait ouvertement des hommes pour lesquels il avait des attachements érotiques. Après la mort d'un moine qu'il aimait visiblement, il écrivit:

"Le seul qui pourrait ne pas s'étonner de voir Aelred vivre sans Simon serait quelqu'un qui ignorait combien il fut plaisant pour nous de passer notre vie ensemble sur la terre; quelle joie nous aurions eu à aller au ciel dans la compagnie l'un de l'autre...Aussi, pleure, non parce que Simon a été élevé au ciel, mais parce que Aelred est resté sur terre, seul."

L'amitié qu'Aelred décrivait de manière si éloquente est résumée dans ce passage:

"Ce n'est pas une maigre consolation d'avoir dans cette vie quelqu'un à qui vous pouvez vous unir dans une affection intime et l'embrassement d'un saint amour, quelqu'un en qui votre esprit peut se reposer, en qui vous pouvez déverser votre âme, dont les échanges plaisants, tout comme les chants agréables, peuvent vous conduire au chagrin...dont les baisers spirituels, tel un baume bienfaisant, peuvent vous soulager de la fatigue dues à votre perpétuelle anxiété. Un homme qui peut verser avec vous des larmes quand vous avez des soucis, être heureux avec vous quand tout va bien, chercher avec vous les réponses à vos problèmes, avec qui les liens de charité peuvent vous conduire aux profondeurs de votre coeur;...où la douceur de l'Esprit s'écoule entre vous, où vous vous unissez si fortement à vous mêmes et vous attachez à lui que l'âme se confond avec l'âme et que les deux deviennent une."

Prière pour la fête de St Aelred, le 12 janvier

"Comble nos coeurs, Seigneur, du don d'amour de ton Esprit Saint, afin que nous puissions, lorsque nous nous serrons les mains, partager la joie de l'amitié, humaine et divine, et que nous puissions, avec ton serviteur Aelred, en amener beaucoup dans ta communauté d'amour; par Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec Toi dans l'unité du Saint Esprit, maintenant et pour toujours. Amen"

Extrait de "l'Amitié spirituelle" de saint Aelred (1110-1167)

Dialogue d’un Abbé avec un de ses Frères sur l'amitié en communauté

Ælred - L’amitié est cette vertu qui lie les âmes par une douce alliance de prédilection et, de plusieurs, ne fait qu’un. Voilà pourquoi l’amitié n’est pas un sentiment fortuit ou éphémère, mais bien éternelle. « Il aime en tout temps, celui qui est ami. » (Pro. 17,17) Si elle vient à cesser, c’est qu’elle n’était pas véritable.

Un chrétien ne doit jamais désespérer d’acquérir une vertu, si haute soit-elle, alors que Jésus dit : « Demandez et vous recevrez ». (Jn 16, 24)

La charité embrasse tous les humains.

Ælred - Sans amis, il n’est pas de vie agréable ! Tu t’estimerais d’autant plus heureux que tu posséderais un plus grand nombre d’amis. Tel est cet admirable et immense bonheur que nous attendons !

Il en est beaucoup qui, en ce monde, ne connaissent d’autre bien que ce qui leur rapporte sur le plan temporel, ils aiment leurs amis à la façon dont ils sont attachés à leurs bœufs, de qui ils espèrent tirer quelque avantage, ils ne pratiquent certes pas l’amitié authentique et spirituelle, qui ne doit se rechercher qu’en elle-même, pour Dieu et pour elle-même et ils n’aperçoivent pas en eux le modèle naturel de l’amour, d’où il est aisé de déceler de quelle qualité et de quel poids est son efficacité. Notre Seigneur et Sauveur nous traça lui-même l’image de la véritable amitié en disant : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Voilà le modèle ! Tu t’aimes toi-même, oui sans doute, si tu aimes Dieu, si tu es tel qu’on puisse te prendre pour ami. Penses-tu devoir exiger de toi-même quelque rétribution pour cet amour que tu te portes ? Du tout, car il est naturel que l’on soit cher à soi-même. Si donc tu ne reportes pas cette affection sur un autre, il ne pourra t’être cher au point où tu l’es à toi-même, car celui que tu distingues, ne sera comme un autre toi-même, que lorsque tu auras versé en lui cet amour que tu te portes. « L’amitié, dit saint Ambroise, n’est pas un commerce, elle est tout honneur, toute gracieuseté. C’est une vertu, non un trafic, elle ne naît pas de l’argent, mais du charme, non d’une mise aux enchères, mais d’un concert de bienveillance. »

Certaines gens veulent trouver dans leur ami toutes les qualités qu’ils leur manquent. Ils supportent impatiemment les fautes les plus légères, ils reprennent sévèrement, par manque de jugement, ils négligent l’important, s’élèvent contre des vétilles, mêlent tout sans égard, n’observent ni lieux, ni temps, ni personnes, c’est-à-dire où, quand, devant qui il convient de parler ou de se taire.

Ælred - Crois-tu qu’il se trouve un mortel qui ne veille pas être aimé ?

Gautier - Je ne le pense pas.
Ælred - Si tu voyais quelqu’un vivre au milieu d’une foule de gens qui lui seraient tous suspects, qu’il devrait redouter comme prêts à attenter à sa vie, parmi lesquels il ne pourrait aimer personne et parmi lesquels il ne découvrirait personne qui l’aimât, ne jugerais-tu pas son sort très misérable ?

Gautier - Très misérable, évidemment.

Ælred - Donc, tu ne le nierais pas, c’est au contraire un très grand bonheur que de se reposer dans le sein de ceux avec qui l’on vit, d’aimer tout le monde et d’être aimé de tous, sans être attaché à cette très suave tranquillité par les soupçons qui divisent ou la crainte qui bouleverse.

Gautier - C’est très juste.

Ælred - Quoi ? Si, d’aventure, il est très difficile de trouver ce bonheur réalisé chez tous dans la vie présente - l’avenir nous le garde en réserve - plus il en est qui nous le donnent, plus nous devrons nous estimer heureux. Je me promenais avant-hier dans le cloître du monastère ; assis au milieu du cercle de mes Frères très aimés, j’admirais, comme en un paradis de délices, le feuillage, les fleurs et les fruits de chacun des arbres du jardin ; dans le nombre de ceux qui m’entouraient, je n’en trouvais pas que je n’aimasse ni de qui je ne me crusse aimé ; la joie qui m’inondait était si grande qu’elle l’emportait sur tous les plaisirs de ce monde. J’avais l’impression que mon esprit se transfusait en eux tous et que leur affection à tous se concentrait sur moi ; aussi m’écriais-je avec le psalmiste : « Ah ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter ensemble comme des Frères ».

L’Amitié spirituelle, Ælred de Rievaulx, traduction J. Dubois, 1948

Le texte complet a été édité aux Éditions de Bellefontaine, n° 30.

 


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