Le
1er site anglican français (non officiel) au service des gays,
lesbiennes, de leur famille et de leurs ami(e)s
Consultez les statistiques de GayAnglican:
Dernière
mise à jour:
16/11/04
Que dit la
Bible sur l'homosexualité ?
La condamnation
de l'homosexualité dans la Bible est un argument souvent invoqué
par ceux qui s'opposent aux revendications des gays et lesbiennes. Les
chrétiens doivent prendre cet argument au sérieux, notamment
les anglicans et les protestants qui croient que la Bible contient tout
ce qui est nécessaire au salut.
Que
disent réellement l'Ancien et le Nouveau Testaments au sujet de
l'homosexualité ? Peut-on en conclure que Dieu, tel qu'il s'est
révélé en Jésus-Christ, est opposé
aux homosexuel(le)s et/ou aux actes homosexuels ? La Bible a-t-elle quelque
chose à dire aux gays et lesbiennes souhaitant suivre le Christ
? Si ces
questions vous intéressent, ainsi que celle plus large de l'inclusion
et de la vocation des gays et lesbiennes dans l'Eglise, la série
d'études bibliques "Affirmer
la promesse" est faite pour vous !
Ci-dessous
est proposée une critique de l'interprétation par les fondamentalistes
des passages bibliques évoquant l'homosexualité.
L'homosexualité, la Bible et la
tradition fondamentaliste
Nous
publions ci-dessous, avec l'aimable autorisation de LGCM
, la traduction française des trois premiers chapitres d'un ouvrage
provocateur: "Homosexuality, the Bible and the Fundamentalist Tradition"
de David B Taylor (Editions LGCM,1999). Ce livre n'engage
que son auteur et ne reflète pas toujours la position des anglicans.
Nous le publions néanmoins car la lecture critique de la Bible
qui y est faite nous semble plus respectueuse de la Parole de Dieu qu'une
lecture littérale.
La Conférence
de Lambeth des Evêques Anglicans (NDLR : sorte de concile réunissant
tous les dix ans l’ensemble des Eglises de la Communion Anglicane)
a rejeté en août 1998 « la pratique homosexuelle comme
incompatible avec l’Ecriture ( Résolution 1.10.Cd) . Le travail
opportun de David Taylor permettra à ses lecteurs de se faire leur
propre opinion au sujet du bien-fondé de ce point de résolution.
Qu’est-ce que l’Ecriture dit réellement de la pratique
homosexuelle ? Et une fois que nous aurons décortiqué l’enseignement
de l’Ecriture , comment convient-il de nous l’appliquer ?
Ce livre offre une explication prudente des passages bibliques se référant
à l’homosexualité ou qui y sont référés
dans les discussions contemporaines sur le sujet. Le ton en est posé
et équitable. Alors qu’il soutient une position « non
fondamentaliste », le propos n’est jamais polémique.
L’attitude de Jésus devant l’observance du sabbat comme
elle a été exposée ici nous donne une image de lui
comme un interprète de la Loi, compatissant et miséricordieux.
Nous voyons la confirmation que Dieu réclame la miséricorde
et pas les sacrifices. Les fondamentalistes interprètent cette
demande dans le mauvais sens.
Il y a beaucoup d’aperçus dans ce livre pour les chrétiens
gay et quiconque qui désire une étude sérieuse mais
accessible de l’enseignement de la Bible sur l’homosexualité.
Chapitre 1: De l’usage incorrect des
Ecritures
Ce qui décida
de ce livre est la résolution prise en 1998 à la Conférence
de Lambeth qui rend l’homosexualité incompatible avec toute
forme authentique de religion chrétienne, la raison étant
qu’elle est condamnée sans ambiguïté par les
Ecritures à la fois de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Il est certainement vrai qu’il y a des passages dans les Testaments
qui la condamnent, bien que de la même façon il serait fallacieux
de croire ( comme des membres de la Conférence l’ont fait
de temps en temps) qu’elle est à maintes reprises ou constamment
condamnée par les Ecritures. Comme nous le verrons, l’Ancien
Testament ne mentionne que très rarement le sujet ( il y a au plus
trois références non équivoques), alors que dans
le Nouveau Testament, en dehors des écrits de Paul, il n’y
a qu’un seul passage qui probablement s’y réfère.
Honnêtement, nous ne devrions pas faire trop cas de la rareté
de ces citations, car la raison probable en est que le sujet était
d’avantage considéré comme non mentionnable que comme
négligeable, mais notons tout aussi honnêtement cette rareté
elle-même.
L’aspect que je développerai dans ce premier chapitre est
que, bien que l’Ecriture la condamne, je crois qu’on peut
montrer, d’une part qu’une telle condamnation est à
la fois inutile et cruelle, d’autre part que peu de références
à l’Ecriture ne peut justifier de réclamer non pas
la miséricorde mais le sacrifice comme le fait la tradition fondamentaliste
.En effet, la miséricorde est précisément le principe
que Jésus établit par dessus tout, en opposition aux autorités
religieuses de l’époque qui avaient incontestablement mis
l’Ecriture de leur côté.
Si nous voulons savoir ce que disait la Bible du temps de Jésus
( ce qui correspond essentiellement à notre Ancien Testament),
sur l’observance du Sabbat, nous ne pouvons pas faire mieux que
de commencer avec le texte suivant :
Nombre 15
: 32-35. 32 Comme les enfants d'Israël étaient dans le désert,
on trouva un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat.
33 Ceux qui l'avaient trouvé ramassant du bois l'amenèrent
à Moïse, à Aaron, et à toute l'assemblée.
34 On le mit en prison, car ce qu'on devait lui faire n'avait pas été
déclaré.
35 L'Éternel dit à Moïse: Cet homme sera puni de mort,
toute l'assemblée le lapidera hors du camp.
La raison
de l’opposition de Jésus aux règles du Sabbat, de
son temps, est qu’elles ne reposaient pas sur un objectif moral
réel ; elles étaient donc inutiles et pouvaient souvent
être un inconvénient inutile autant que cruel. Dans les trois
Evangiles synoptiques l’histoire avec laquelle nous avons commencé
( Mt.12 :1-8 ; Marc 2 : 23-28 ; Luc 6 : 1-5) est immédiatement
suivie par l’épisode de la guérison de l’homme
à la main paralysée, qui l’illustre précisément.
Cela suggère aussi que c’est sur ce point de non-respect
de l’observance du Sabbat que Jésus s’est attiré
l’hostilité à la fois des activistes religieux ( pharisiens)
et politiques ( hérodiens – non mentionnés chez Matthieu)
de son époque.
Comme nous pouvons le voir à partir de l’extrait des Nombres,
il n’y a aucun doute que c’était du côté
des opposants de Jésus qu’était sans ambiguïté
l’Ecriture. Et ils n’avaient pas uniquement à dépendre
d’une passage qui, même à l’époque de
Jésus serait apparu archaïquement sévère. Commet
Jésus pouvait répondre à chacun en rappelant ce qui
suit :
Jérémie
17 : 19-27. 19 Ainsi m'a parlé l'Éternel: Va, et tiens-toi à
la porte des enfants du peuple, par laquelle entrent et sortent les rois
de Juda, et à toutes les portes de Jérusalem.
20 Tu leur diras: Écoutez la parole de l'Éternel, rois de
Juda, et tout Juda, et vous tous, habitants de Jérusalem, qui entrez
par ces portes!
21 Ainsi parle l'Éternel: Prenez garde à vos âmes;
Ne portez point de fardeau le jour du sabbat, Et n'en introduisez point
par les portes de Jérusalem.
22 Ne sortez de vos maisons aucun fardeau le jour du sabbat, Et ne faites
aucun ouvrage; Mais sanctifiez le jour du sabbat, Comme je l'ai ordonné
à vos pères.
23 Ils n'ont pas écouté, ils n'ont pas prêté
l'oreille; Ils ont raidi leur cou, Pour ne point écouter et ne
point recevoir instruction.
24 Si vous m'écoutez, dit l'Éternel, Si vous n'introduisez
point de fardeau Par les portes de cette ville le jour du sabbat, Si vous
sanctifiez le jour du sabbat, Et ne faites aucun ouvrage ce jour-là,
25 Alors entreront par les portes de cette ville Les rois et les princes
assis sur le trône de David, Montés sur des chars et sur
des chevaux, Eux et leurs princes, les hommes de Juda et les habitants
de Jérusalem, Et cette ville sera habitée à toujours.
26 On viendra des villes de Juda et des environs de Jérusalem,
Du pays de Benjamin, de la vallée, De la montagne et du midi, Pour
amener des holocaustes et des victimes, Pour apporter des offrandes et
de l'encens, Et pour offrir des sacrifices d'actions de grâces dans
la maison de l'Éternel.
27 Mais si vous n'écoutez pas quand je vous ordonne De sanctifier
le jour du sabbat, De ne porter aucun fardeau, De ne point en introduire
par les portes de Jérusalem le jour du sabbat, Alors j'allumerai
un feu aux portes de la ville, Et il dévorera les palais de Jérusalem
et ne s'éteindra point.
Si Jésus
pensait que les règles du Sabbat n’avaient pas de raisons
d’être utiles et morale, il devait constater qu’il était
radicalement et fondamentalement en opposition par rapport au deuxième
plus important auteur prophète de l’Ancien Testament. Pour
Jésus, s’opposer à Jérémie reviendrait,
pour un chrétien moderne, à s’opposer à Paul.
Et il y avait encore plus que cela : dans les 40 années qui ont
suivi la mort de Jésus, Jérusalem était ( encore
une fois) touchée par le genre de désastre que Jérémie
avait prédit. Cela était déjà prévisible
à l’époque de Jésus que les choses allaient
évoluer vers ce genre de catastrophe : les personnes identifiées
comme zélotes ( cf. Luc 6 :15 ; Actes 1 : 13 ; mais aussi en Luc
13 : 1,2 , le terme galiléens désigne en fait ces zélotes),
incitaient déjà à la révolte immédiate
contre Rome, en espérant naïvement que si seulement un déclenchement
avait lieu, les cieux s’ouvriraient et les forces divines se rangeraient
d’elles-mêmes du côté des juifs pour assurer
une victoire immédiate et miraculeuse ( Cf ; Matthieu 26 : 53).
C’est un peu comme si Jésus prédisait la destruction
de Jérusalem, comme le disent les Evangiles ; mais il l’aurait
fait non pas en s’appuyant sur la base d’une connaissance
miraculeuse de l’Esprit de Dieu, mais comme les prophètes
de l’Ancien Testament eux-mêmes l’avaient fait :en prêtant
attention, sans qu’il y ait là quoique ce soit de miraculeux,
à la direction que l’histoire semblait prendre. Ses opposants
cependant, auraient pu faire remarquer, en se basant sur la prophétie
de Jérémie, qu’entouré comme il l’était,
il n’y avait qu’à parier que sa prophétie se
réaliserait.
Cela est très spéculatif , mais néanmoins extrêmement
curieux d’essayer d’établir les événements
originaux à partir de l’extrait de l’Evangile de Matthieu
avec lequel nous avons commencé. La question qui demeure est :
devons-nous supposer que les pharisiens suivaient Jésus et ses
disciples, comme s’ils flânaient dans les champs et, séance
tenante, protestèrent devant ce qu’ils virent ? Cela me semble
peu probable – et de plus, combien ces disciples étaient-ils
? La réponse du catéchisme serait « douze »
mais quand nous étudions cela de prés, cela semble sous-évalué.
Les Evangiles et les Actes sont d’accord sur le fait qu’il
y avait 12 Apôtres, mais un nombre beaucoup plus important de «
disciples » anonymes. En Luc 10 :1, nous trouvons qu’il y
en a 70 ( ou plus probablement 72). Dans les Actes (1 : 1) nous apprenons
qu’immédiatement après la mort de Jésus, les
disciples étaient environ 120, et ce fut un un peu pareil au moment
où il y eut une dispersion de ce corps de disciples en un aussi
grand nombre que ceux qui avaient conclu, à partir de la mort de
Jésus, qu’il n’était pas, après tout,
le rédempteur qu’ils avaient espéré. A partir
de là l’estimation la plus faible de l’expédition
dans les champs de blés galiléens est de 40 ou 50, mais
peut aller jusqu’à 200.
En outre , ils avaient investi les champs de blé pour subvenir
à leur faim. Ce qui ne veut pas dire que chacun ait cueilli un
ou deux épis de blé pour voir s’ils étaient
bons. Jésus et les siens vivaient comme des vagabonds et dans ce
cas, avoir faim signifie être réellement affamé. Nous
pouvons suspecter que l’incident ci-dessus entraînait une
perte importante pour le fermier et il me semble que le débat qui
s’ébauche est en la matière celui de procès
judiciaires contre Jésus et ses disciples. Un fermier en colère
dévale à la ville un dimanche matin et porte plainte auprès
des autorités religieuses contre Jésus et ses disciples
qui avaient saccagé ses récoltes. Les disciples sont appelés
à comparaître à la synagogue pour répondre
à l’accusation, le verdict est rendu contre eux et ils sont
punis d’une façon ou d’une autre. Jésus proteste
bruyamment en citant Osée 6 :6, devant le tribunal pour leur montrer
qu’ils ont pris la mauvaise décision ( et si vous aviez su
ce que signifiait « je désire miséricorde et non sacrifice
», vous n’auriez pas condamné des innocents). Si cela
nous donne une vision plus critique de Jésus que la Tradition ne
le permet, et plus favorable à ses opposants, c’est probablement
pour la bonne cause. Nous devons garder à l’esprit que les
Evangiles ne doivent en aucun cas être considérés
comme des témoignages impartiaux de l’Histoire. Alors que
la Tradition fait apparaître Jésus comme ayant toujours raison
et ses adversaires ayant toujours tort, les choses n’étaient
sûrement pas si évidentes pour des spectateurs véritables.
Examinons la nature de la plainte d’un peu plus près. Les
disciples ne sont pas accusés de vol, et de fait ils n’en
sont pas coupables. S’ils avaient agi comme ils le firent un autre
jour que le Sabbat, les choses auraient été parfaitement
claires.
Deutéronome
23 : 24-25. 24 Si tu entres dans la vigne de ton prochain, tu
pourras à ton gré manger des raisins et t'en rassasier;
mais tu n'en mettras point dans ton vase.
25 Si tu entres dans les blés de ton prochain, tu pourras cueillir
des épis avec la main, mais tu n'agiteras point la faucille sur
les blés de ton prochain.
Leur offense
est d’avantage technique. Récolter les épis de blé
revenait techniquement à moissonner, et les frotter dans ses mains
pour séparer le grain de son enveloppe équivalait à
battre le blé. Or, ces deux activités étaient interdites
pendant le Sabbat. Si on connaît la nature humaine, ce sont le vol
et les dégâts qui étaient réellement en cause,
mais la cour ( le tribunal) devait épingler les disciples sur des
charges qui frapperaient vraiment.
Qu’en est-il de la défense probable ? La citation d’Osée
en est le meilleur indice disponible ( laquelle n’est trouvée
que chez Matthieu – mais pas deux fois : ici et aussi dans 9 : 13
où cela semble moins approprié). L’objection de Jésus
sur les règles du sabbat, comme nous l’avons vu, ne semble
pas avoir provoqué trop de difficultés ; si on rencontrait
des souffrances le jour du sabbat, on devait immédiatement y remédier
( Luc 13 : 10,16) sans attendre le coucher du soleil. L’argument
est recevable bien que dans ce contexte peut-être il soit affaibli
par le fait que Jésus parle dans son propre intérêt,
alors qu’il est présenté comme prenant la défense
d’un tiers. C’est un peu comme si, comme nous le verrons dans
le chapitre 4, Jésus, en étant ce qu’il est, n’avait
qu’une vague idée de la propriété privée,
qu’il semble ne considérer au mieux comme un encombrement
et au pire comme un détournement des dons de Dieu qui devraient
bénéficier à tous.
S’il se trouve qu’à cette occasion nous éprouvons
plus de sympathie pour les opposants à Jésus que l’Evangile
ne le souhaiterait, cela ne doit pas ébranler le principe qu’il
illustrait et dont la citation d’Osée est un si brillant
résumé. Ce serait intéressant d’aller un peu
plus loin dans cet extrait pour revenir sur ce point et aussi pour dépoussiérer
quelques déformations secondaires des faits que nous pourrons déceler
( comme dans les quelques passages de l’Ecriture que nous étudions
à la loupe). Comparons le passage dans la version de Marc, (laquelle
était connue de Matthieu et lui préexistait ).
Marc 2 :
23,28 23 Il arriva, un jour de sabbat, que Jésus
traversa des champs de blé. Ses disciples, chemin faisant, se mirent
à arracher des épis.
24 Les pharisiens lui dirent: Voici, pourquoi font-ils ce qui n'est pas
permis pendant le sabbat?
25 Jésus leur répondit: N'avez-vous jamais lu ce que fit
David, lorsqu'il fut dans la nécessité et qu'il eut faim,
lui et ceux qui étaient avec lui;
26 comment il entra dans la maison de Dieu, du temps du souverain sacrificateur
Abiathar, et mangea les pains de proposition, qu'il n'est permis qu'aux
sacrificateurs de manger, et en donna même à ceux qui étaient
avec lui!
27 Puis il leur dit: Le sabbat a été fait pour l'homme,
et non l'homme pour le sabbat,
28 de sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat.
Habituellement,
quand nous comparons un passage chez Marc et le même passage chez
Matthieu, la version de Matthieu est plus longue, car Matthieu avait plus
de matériel à sa disposition que Marc.
Une comparaison des deux versions donne ici une bonne illustration de
la façon de procéder de Matthieu. Bien que la version de
Matthieu soit dans son ensemble plus longue que celle de Marc, le morceau
qu’il a « emprunté » ( la référence
à David et les siens mangeant le pain de la Présence) est
en fait plus court, et ensuite Matthieu 12 : 5,7 est composé de
matériau non trouvé chez Marc.
Matthieu
12 : 5-7 5 Ou, n'avez-vous pas lu dans la loi que, les jours
de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se
rendre coupables?
6 Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus grand que le temple.
7 Si vous saviez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde,
et non aux sacrifices, vous n'auriez pas condamné des innocents.
Une divergence
très intéressante peut être remarquée quand
nous comparons la conclusion des deux extraits. Pour une certaine raison,
Matthieu ne cite que la première moitié du verset de conclusion
de Marc : « le Sabbat a été fait pour l’homme
et pas l’homme pour le sabbat ». C’est évident
,pour quiconque lit les trois premiers évangiles, que ceux-ci sont
des comptes-rendus embrouillés et déformés des événements
mais, d’un autre côté, qu’ils contiennent néanmoins
des souvenirs réels d’un personnage historique véritable.
Comment pouvons-nous distinguer : a) les souvenirs réels b) les
déformations ? Aussi élaborée que soit une analyse
qui classerait les arguments, les références et les apartés,
quand nous rentrons dans le texte nous devons en fait faire des suppositions
; et je ne cherche pas d’excuse pour le fait que ce qui suit est
pour une large part un travail de suppositions.
Les trois Evangiles ( synoptiques) semblent avoir été écrits
pour l’usage d’assemblées spécifiques. Même
le Théophile auquel l’Evangile de Luc s’adresse a probablement
été d’avantage un membre de l’Eglise plutôt
qu’un chercheur solitaire. L’objectif spécifique qui
concernait le groupe de Marc est moins facile à découvrir
que chez Luc et Matthieu, puisque dans son cas nous n’avons rien
de plus ancien à lui comparer. Le Théophile de Luc est probablement
un « gentil » converti au christianisme, et les préoccupations
de ce type de personnes sont bien mises en valeur dans l’Evangile
de Luc, particulièrement en ce qui concerne les Samaritains. Dans
l’Evangile de Marc, il n’y a aucune référence
aux samaritains, dans Matthieu, il n’y en a qu’une et négative
( 10 : 5), mais dans Luc nous en avons trois ( 9 : 51-56 – 10 :
30,37 ( l’histoire de la Samaritaine) et 17 : 11,19 ). Seule la
première semble véridique ; les deux autres, bien que très
édifiantes, semblent être de la pure fiction pour un œil
averti ; en fait c’est parce qu’elles sont justement si édifiantes
que leur authenticité est suspecte. La raison de l’intérêt
des lecteurs de Luc pour les Samaritains est facile à comprendre
: le Jésus historique n’a que très peu de contacts
avec des « gentils » et ce fait indéniable explique
pourquoi les Evangiles s’y intéressent si peu. La guérison
de la fille de la femme syrophénicienne ( Marc 7 : 24,30) –
Matthieu 15 : 21,28) en est le seul exemple explicite. La raison pour
laquelle Luc ne l’introduit pas dans son Evangile est très
probablement à cause de la réponse initiale peu flatteuse
de Jésus à la demande d’aide de la femme : «
les enfants ( les juifs) doivent être nourris en premier, car on
ne doit pas prendre la nourriture aux enfants et la jeter aux chiens (
c.à.d. les gentils) . Les samaritains pour l’auditoire de
Luc étaient le plus proche substitut qu’il pouvait trouver
aux « gentils » ce qui est également illustré
dans le chapitre 8 des Actes.
Il y a un
biais inverse détectable dans l’Evangile de Matthieu , ce
qui est surprenant de prime abord compte-tenu de sa date de rédaction
( après 70 et probablement plus près de 80) où il
est difficile d’imaginer une assemblée constituée
par des Juifs, ce qui est l’impression que l’Evangile nous
donne. Dans cet Evangile, plus encore que dans celui de Marc, on apprend
de façon surprenante ( mais c’est cependant probablement
la réalité) que Jésus dans partageait dans son ensemble
les sentiments de ses contemporains juifs à propos des «
gentils ». Je suis enclin à considérer comme authentiques
les propos de Jésus en 5 : 47 ; 6 : 7 ; 6 :32 ; 20 : 5, bien que
seul Matthieu les rapporte. L’histoire des cochons de Genésareth
( Marc 5 : 1,20 – Matthieu 8 : 28,34 – Luc 8 : 26,39) reflète
la même idée probablement.
La raison la plus probable pour laquelle Jésus n’autorise
pas l’homme guéri à le suivre est qu’il n’était
pas juif, mais puisque le biais antil-gentil n’est pas explicite,
Luc reprend cette fois l’histoire.
Si je mentionne tout cela, c’est parce que cela éclaire particulièrement
la lecture des versets 5 et 6 : « n’avez-vous pas lu dans
la loi comment, le jour du sabbat, les prêtres dans le temple profanent
le sabbat et sont innocents ? Je vous le dis, il y a plus grand que le
temple ici ». Il n’y a rien de cela ailleurs dans aucun évangile
; et je ne crois pas pour autant que ce soit authentique. Au départ
cela pouvait concerner une communauté engagée dans l’étude
de la bible à qui serait dit : « et il aurait pu aussi désigner…
» et ainsi de suite. ( nous devrions garder à l’esprit
qu’il y a une quantité importante de ce genre de matériel
dans les 4 évangiles, même si nous pouvons difficilement
le détecter).
Une seconde
lecture pourrait être celle d’un écho fictif de paroles
apparemment authentiques rapportées plus tard dans le même
chapitre ( 12 : 41,42). Mais quand nous en venons à la citation
d’Osée, bien que cela aussi ne soit signalé dans aucun
autre évangile, je pense que cela pourrait être authentique.
C’est bien sûr, extrêmement bien choisi, ce qui aux
yeux d’un critique tendrait à le rejeter ; mais cela me semble
lié à l’autre phrase unique chez Matthieu «
…vous n’auriez pas condamné les innocents ».
Comme je le disais clairement au début de ce chapitre, je vois
dans le mot « condamné » ici une référence
au contexte original véritable que la tradition a supprimé,
c’est à dire un vrai procès vis-à-vis des disciples
sur la charge de l’infraction au sabbat. Mais j’insiste encore,
c’est largement une supposition que le lecteur est libre d’accepter
ou non, selon ses convictions.
Pour le commentaire
final, nous nous référons encore à l’apport
original de Marc : « le sabbat a été fait pour l’homme
et pas l’homme pour le sabbat, ainsi le Fils de l’Homme est
seigneur même du Sabbat ». Matthieu s’est passé
de la première moitié de ces propos, mais a gardé
la deuxième, pourquoi ? La question est d’autant plus intéressante
que c’est la première partie qui semble authentique au lecteur
moderne alors que la deuxième pourrait avoir été
mise sur le compte de Jésus par ses disciples après sa mort.
La raison de cet ajout pourrait (permettre) de modérer ce que les
propos authentiques impliquent, ce qui suggère que cela aurait
même gêné l’assemblée de Marc. Matthieu
semble avoir trouvé l’ensemble trop anarchique pour être
acceptable. Mais c’est précisément ses implications
anarchiques qui les rendent authentiques. Les paroles originales ( ?)
impliquent que chacun peut et devrait se dispenser de règles inutiles
et de fardeaux ; mais l’ajout est fait pour suggérer que
Jésus peut le faire parce que c’est lui, ce qui est délibérément
précise pour écarter le doute de quiconque d’autre
voudrait le faire. Si le sabbat a été fait pour l’homme
et pas l’homme pour le sabbat, ne pourrait-il pas en être
de même pour les Ecritures comme pour la religion dans leur ensemble
? Bien sûr que oui et c’est pourquoi on en a besoin pour atténuer
les implications antinomiques des propos originaux.
Qu’est-ce
que tout cela a à voir avec l’homosexualité ? J’espère
que c’est évident pour la plupart des lecteurs. L’ensemble
des propos que j’ai identifié comme authentiques viennent
appuyer mes propos – eh oui, il se pourrait que je les ai identifié
authentiques car ils en avaient tout l’air. La Conférence
de Lambeth, comme les pharisiens de l’ancien temps, ont insisté
sur le fait que Dieu réclame des sacrifices et non la miséricorde,
que les règles sont plus importantes que toutes les épreuves
qu’elles imposent, qu’aucune question légitime ne peut
être soulevée si elle n’est pas nécessaire :
si elle est biblique, la question de sa nécessité ne se
pose pas. Mais s’ils avaient su ce que signifie « je désire
la miséricorde et non le sacrifice », alors j’affirme
qu’ils n’auraient pas condamné les innocents.
Chapitre 2: L'homosexualité dans l'Ancien Testament
Nous avons
entendu beaucoup de choses au sujet de l’Ecriture qui « sans
ambiguïté condamne l’homosexualité à la
fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament ». En ce qui concerne
l’Ancien Testament, l’intégralité de cette condamnation
« sans ambiguïté » est :
Tu ne couchera pas avec un homme comme on couche avec une femme, c’est
une abomination ( Lévitique. 18 : 22)
L’homme
qui couche avec un homme comme on couche avec une femme : c’est
une abomination qu’ils ont tous deux commises, ils devront mourir,
leur sang retombera sur eux. ( Lévitique 2O : 13)
Le chapitre
18 du Lévitique ( qui est d’un abord plus facile au lecteur
moderne que le chapitre 20 plus extrême et punitif) est exposé
soigneusement et peut être résumé facilement. Les
versets 1 à 5 sont un préambule qui constate que la pratique
d’Israël devrait être plus encadrée à la
fois en matière d’inceste ( versets 6 –18 ) et plus
généralement sur les sujets d’ordre sexuel ( versets
19 – 23) par rapport aux autres nations païennes qu’Israël
est amené à fréquenter. La grosse différence
avec le chapitre 20 est que, dans le chapitre 18, il n’y a aucune
punition attribuée aux offenses.
Le chapitre conclut ( versets 24-30) par une menace générale
de désintégration et de déclin de la Société
dans son ensemble si ces pratiques sont tolérées, comme
c’est le cas pour la plupart d’entre elles par les Egyptiens
et les Cananéens.
Si
vous regardez de plus près le chapitre 20, vous trouverez que le
matériau en est le même qu’au chapitre 18, seulement
c’est beaucoup moins bien arrangé, et cette fois une punition
particulière est attachée à chaque offense. Les gens
offrant leurs enfants en sacrifice doivent être lapidés (
v. 2) et les affaires d’inconduite sexuelle ( plutôt que d’inceste
en tant que tel) doivent être punies de mort. Bien que la façon
de donner la mort ne soit pas précisée, exceptée
dans le cas d’un homme épousant une femme et sa fille (les
trois doivent alors être brûlées vifs), il est possible
que tous les cas mentionnés dans cette partie ( v.10-16) doivent
être brûlés ( voir Genèse 38 : 24 – Lévitique
21 : 9 ). Dans la partie de ce chapitre traitant de l’inceste (
v.17-19), des punitions y sont encore une fois liées, mais ce n’est
pas très clair, sauf dans les deux derniers exemples ( v.20, 21)
où c’est précisé. Il n’est pas clair,
par exemple, si des phrases comme « ils seront exterminés
sous les yeux des membres de leur peuple » ( v.17) ou « ils
porteront le poids de leur faute » ( v.19) signifie qu’ils
devront être exécutés ou simplement laissés
à la vengeance divine.
Revenons plus en amont dans ce chapitre : « Si les gens du pays
veulent fermer les yeux sur cet homme quand il livre l’un de ses
fils à Moloch et ne le mettent pas à mort, c’est moi
qui m’opposerai à cet homme et à son clan. Je les
retrancherai du milieu de leur peuple… » ( Lévitique
20 : 4 – 5a).
C’est évident que le sens original, en aucun cas, ne se réfère
au châtiment divin. On peut supposer cependant quand la phrase est
utilisée aussi souvent qu’elle l’est ici, qu’à
l’époque, la négligence notoire de Dieu à porter
des menaces de ce genre était souvent compensées par le
zèle et la colère de l’homme.
Les
deux courts passages ci-dessus, comme je l’ai dit, constituent l’intégralité
de la condamnation « sans ambiguïté » de l’homosexualité
dans la Bible. Cependant je pense que l’on doit concéder
que la réticence des Ecritures dans leur ensemble sur le sujet
tienne plus au fait que les nombreux auteurs considéraient le sujet
non mentionnable plutôt que parce qu’ils pensaient que c’était
sans importance. Quel besoin de mettre la pression sur le lecteur moderne,
quelque soit la vision primitive et la cruauté du code Lévitique
en entier ?
Les ecclésiastiques fondamentalistes sont attentifs à porter
leur attention sur les deux versets en tête de chapitre pour «
prouver » que Dieu condamne l’homosexualité. Ils seraient,
je pense, moins attentifs à lire les chapitres 18 et 20 dans leur
totalité, ce qui ferait apparaître leur condamnation pour
ce qu’elle est : primitive, précivilisée et pré-rationnelle.
J’ai dit que les deux versets ci-dessus tirés du Lévitique
18 et 20 représentent l’intégralité de la condamnation
sans ambiguïté de l’homosexualité dans l’Ancien
Testament et de fait, c’est vrai. Mais nous devons aussi, évidemment,
parler de l’histoire de la destruction de Sodome dans
Genèse
: 19 : 1 – 11. 1 Les deux anges arrivèrent à Sodome sur le soir; et
Lot était assis à la porte de Sodome. Quand Lot les vit,
il se leva pour aller au-devant d'eux, et se prosterna la face contre
terre.
2 Puis il dit: Voici, mes seigneurs, entrez, je vous prie, dans la maison
de votre serviteur, et passez-y la nuit; lavez-vous les pieds; vous vous
lèverez de bon matin, et vous poursuivrez votre route. Non, répondirent-ils,
nous passerons la nuit dans la rue.
3 Mais Lot les pressa tellement qu'ils vinrent chez lui et entrèrent
dans sa maison. Il leur donna un festin, et fit cuire des pains sans levain.
Et ils mangèrent.
4 Ils n'étaient pas encore couchés que les gens de la ville,
les gens de Sodome, entourèrent la maison, depuis les enfants jusqu'aux
vieillards; toute la population était accourue.
5 Ils appelèrent Lot, et lui dirent: Où sont les hommes
qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous,
pour que nous les connaissions.
6 Lot sortit vers eux à l'entrée de la maison, et ferma
la porte derrière lui.
7 Et il dit: Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal!
8 Voici, j'ai deux filles qui n'ont point connu d'homme; je vous les amènerai
dehors, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites
rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon
toit.
9 Ils dirent: Retire-toi! Ils dirent encore: Celui-ci est venu comme étranger,
et il veut faire le juge! Eh bien, nous te ferons pis qu'à eux.
Et, pressant Lot avec violence, ils s'avancèrent pour briser la
porte.
10 Les hommes étendirent la main, firent rentrer Lot vers eux dans
la maison, et fermèrent la porte.
11 Et ils frappèrent d'aveuglement les gens qui étaient
à l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus
grand, de sorte qu'ils se donnèrent une peine inutile pour trouver
la porte.
Il ne peut
pas y avoir de doutes sur les implications sexuelles de « Amène
les nous pour que nous en abusions » puisque dans le cas contraire,
il n’y aurait pas lieu que Lot propose ses filles vierges aux émeutiers.
Mais est-ce vraiment la sodomie qui était censée être
le côté choquant de l’histoire ?
La question se pose car un incident très comparable peut être
retrouvé dans les Juges :
«
Quand ils furent près de Jébus ( c’est-à-dire
Jérusalem, ville encore cananéenne à cette époque,
avant sa conquête par le Roi David), le jour avait beaucoup baissé
et le serviteur dit à son maître : « viens donc, je
te prie, faisons un détour vers cette ville des jébuséens
et nous y passerons la nuit ». Son Maître lui répondit
: « nous ne ferons pas de détour vers une ville d’étrangers,
qui ne sont pas, ceux-là, des Israélites, mais nous pousserons
jusqu’à Gibéa (…). Le lévite étant
entré, s’assit sur la place de la ville, mais personne ne
leur offrit dans sa maison l’hospitalité pour la nuit.
Survint un vieillard qui, le soir venu, rentrait de son travail des champs
(…). Levant les yeux, il remarqua le voyageur sur la place de la
ville. « Ou vas-tu, lui dit le vieillard, et d’où viens
tu ? Et l’autre lui répondit : « Nous faisons route
de Bethléem de Juda vers le fond de la montagne d’Ephraïm.
C’est de là que je suis. J’étais allé
à Bethléem de Juda et je retourne chez moi, mais personne
ne m’a offert l’hospitalité. Nous avons pourtant de
la paille et du fourrage pour nos ânes, j’ai aussi du pain
et du vin pour moi, pour ta ( ma ?) servante ( c’est à dire
sa concubine qui sera la victime de l’histoire) et pour le jeune
homme ( c’est-à-dire le serviteur) qui accompagne ton serviteur.
Nous ne manquons de rien ».
« Sois le bienvenu, répartit le vieillard, laisse-moi pourvoir
à tous tes besoins, mais ne passe pas la nuit sur la place ».
Il les fit donc entrer dans sa maison et il donna du fourrage aux ânes.
Les voyageurs se lavèrent les pieds, pus mangèrent et burent.
Pendant qu’ils se réconfortaient, voici que des gens de la
ville, des vauriens, s’attroupèrent autour de la maison,
et frappant à la porte à coups redoublés, ils dirent
au vieillard « fais sortir l’homme qui est venu chez toi,
que nous le connaissions ». alors le maître de la maison sortit
vers eux et leur dit « non mes frères, je vous en prie, ne
soyez pas des criminels. Après que cet homme est entré dans
ma maison, ne commettez pas cette infamie. Voici ma fille qui est vierge
et la concubine de cet étranger, je vous les livrerez. Abusez d’elles
et faites ce que bon vous semble, mais ne commettez ps à l’égard
de cet homme une pareille infamie » . Ces gens ne voulurent pas
l’écouter. Alors l’homme ( c’est à dire
l’étranger) prit sa concubine et la leur amena dehors. Ils
la connurent , ils abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au
matin et, au lever de l’aurore, ils la lâchèrent. (Juges
19 : 11-12, 14b – 16a, 17-25)
Il
semble clair qu’il s’agit de deux versions différentes
d’une même histoire traditionnelle . Un élément
de « sodomie » est commun aux deux, mais est-ce vraiment le
point central dont il faut parler ? Il semble bien d’avantage que
l’élément choquant est la violation des règles
de l’hospitalité, encore plus choquant dans la seconde version
que dans la première car l’étranger et sa sa suite
étaient très près de passer la nuit dans la rue.
Le point est d’importance à souligner car il est évident
que, bien que les habitants de Sodome puissent être taxés
de « sodomites » ce ne fut pas la raison primordiale pour
laquelle leur cité fut détruite.
"Yahvé
fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du souffre et du feu, venant de
Yahvé, et il renversa ces villes et toute la plaine, avec tous
les habitants des villes et la végétation du sol (…)
Abraham vint à l’endroit où il s’était
tenu devant Yahvé" ( cf. Genèse 18 : 22-33) et
il jeta son regard sur Sodome, sur Gomorrhe et sur toute la plaine, et
voici qu’il vit la fumée monter du pays comme la fumée
d’une fournaise ( Genèse 19 : 24-28).
Voilà
ce qui arrive aux cités qui n’accueillent pas leurs visiteurs
dignement ! En abuser, ou même avoir l’intention de le faire
est sans nul doute pire que simplement les négliger, mais cela
semble une aggravation plus que la substance de l’offense par laquelle
ils sont punis.
Nous avons maintenant détaillé tout ce qui dans l’Ancien
Testament se réfère à l’homosexualité.
Prenez une Bible, tenez entre vos doigts les pages qui vont de la Genèse
à Malachie ( ou au 2° Livre des Macchabées si vous êtes
catholique) et vous serez surpris de constater combien cela représente
peu de choses en comparaison de l’ensemble.
S’il vous arrive de lire la version Autorisée ( ou version
de Douai) de la Bible, vous ne serez peut-être pas convaincus quand
je revendique d’avoir couvert tous les passages traitant de l’homosexualité.
Par exemple, qu’en est-il des « sodomites » mentionnés
en Deutéronome 23 : 17 ; I° Rois 14 : 24, - 15 : 12 ; 22 :
46 – 2 Rois 23 : 7 ? Il est regrettable que le mot soit une erreur
de traduction, très ancienne qui remonte à la Septante,
la traduction pré-chrétienne des Ecritures de l’hébreu
en grec ( et qui contient plus de matériaux que la Bible traditionnelle
en Hébreux, ce qui fait que les Bibles catholiques aujourd’hui
comportent plus de matériau que les bibles protestantes.) mais
reste une erreur de traduction.
Le mot hébreu « gadesh » désigne littéralement
un « saint homme ». Les « g’deshim » étaient
en fait des prostitués, mais ce qui est intéressant à
souligner c’est que leurs clients étaient des femmes et plus
particulièrement des femmes sans enfants qui venaient les voir
avant tout, non pas pour du plaisir sexuel, mais dans l’espoir de
tomber enceinte quand elles n’y étaient pas arrivé
avec leur mari. Regardons par exemple ce qui suit :
« Le prêtre Eli était assis sur son siège,
contre le montant de la porte, au sanctuaire de Yahvé. Dans l’amertume
de son âme, elle ( c’est-à-dire Anne, la mère
de Samuel) pria Yahvé et elle pleura beaucoup. Elle fit ce vœu
« O Yahvé Sabaoth ! Si tu voulais considérer la misère
de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui
donner un petit d’homme, alors je le donnerai à Yahvé
pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête . Comme elle prolongeait sa prière devant Yahvé, Eli observait
sa bouche. Anne parlait tout bas : ses lèvres remuaient mais on
n’entendait pas sa voix, et Eli pensa qu’elle était
ivre. Alors Eli lui dit « jusque à quand seras-tu dans l’ivresse
? Fais passer ton vin ! Mais Anne répondit ainsi « Non, Monseigneur,
je ne suis qu’une femme affligée, je n’ai bu ni vin
ni boisson fermentée, j’épanche mon âme devant
Yahvé Ne juge pas ta servante comme une vaurienne ; c’est
par excès de peine et de dépit que j’ai parlé
jusqu’à maintenant ». alors Eli lui répondit
« Va en paix et que le Dieu d’Israël t’accorde
ce que tu lui as demandé ». Elle dit « Puisse ta servante
trouver grâce à tes yeux » et la femme alla son chemin,
elle mangea et son visage ne fut plus le même ».
(I Samuel, 1 : 9b-18)
Il
est évident qu’il manque quelque chose dans le texte –
ou plus exactement en a été délibérément
ôté après « elle dit puisse ta servante trouver
grâce à tes yeux » Le plus probable est qu’elle
ait demandé à Eli de l’exaucer, qu’il le fit
et c’est pourquoi « son visage ne fut plus le même ».
Et cela semble avoir été le rôle qu’avaient
à remplir les q’deshim » mentionnés dans la
série de textes précédents.
Enfin,
nous devons regarder la relation inexplicable qui semble avoir existé
entre David et Jonathan. D’abord il faut souligner qu’il n’y
a rien d’explicitement sexuel dans le texte qui nous est parvenu,
bien que, s’il y en a eu, nous pouvons être sûr que,
comme dans l’histoire d’Eli ci-dessus, cela a été
expurgé. Le passage le plus étrange à notre regard
moderne est : Saul s’enflamma de colère contre Jonathan,
et lui dit : « Fils d’une dévoyée ! Ne sais-je
pas que tu prends parti pour le fils de Jessé, à ta honte
et à la honte de la nudité de ta mère ? »
( I Samuel 20 : 30).
Je sais que cela va désarçonner certains lecteurs, mais
en fait il accuse Jonathan de sa naïveté politique plutôt
que sa perversion sexuelle. Il lui dit : « tu devrais me succéder
et cependant tu te fais un ami de l’homme qui, de toute évidence
a l’ambition de devenir Roi à ta place et peut-être
même à la mienne ».
Il est bien évident à partir de ce qui reste de texte que
Saul a échoué avec David quand il en vint à réaliser
l’extension de l’ambition de David. Et il faut garder à
l’esprit que ce qui nous en reste a été crée
par les chroniqueurs du Roi David plutôt que par les chroniqueurs
du Roi Saul. Il est évident que Saul avait raison de se méfier.
Mais il est aussi évident que Jonathan a continué à
garder son amitié avec David bien après que l’hostilité
de son père se soit manifesté. Pourquoi ?
Après tout il est difficilement imaginable que Jonathan n’était
pas au courant des raisons de la haine de son père. C’est
la circonstance particulière qui rend intéressant de penser
que du côté de Jonathan, de toute façon il y avait
quelque chose de passionné dans leur amitié. Mais il faut
s’efforcer d’y trouver le seul caractère spécifique
de l’histoire qui va dans cette direction.
Même à nos esprits ouverts, la relation : « Lorsqu’il ( c’est-à-dire David) eut fini
de parler à Saul, l’âme de Jonathan s’attacha
à l’âme de David et Jonathan se mit à l’aimer
comme lui-même (…) Jonathan conclut un pacte avec David, car
il l’aimait comme lui-même. Jonathan se dépouilla du
manteau qu’il avait sur lui et il le donna à David, ainsi
que sa tenue, jusqu’à son épée, son arc et
son ceinturon ( I Samuel 18 : 1, 3-4) est bien moins significative
que certains d’entre nous aimeraient le penser. Soulignons que David
est décrit comme un jeune fils pauvre et ce que Jonathan lui donne
sont des choses qu’il n’aurait pqas pu s’offrir lui-même.
D’un autre côté, on peut douter que David ait eu aussi
peu de ressources, comme dans l’histoire très romantique
de la tuerie de Goliath
Dans le passage peu étudié de l’Ancien Testament (
II Samuel 21 : 19) , la tuerie de Goliath à un illustre inconnu
Elhanân, le fils de Yaaré-Oreguim, de Bethléem. Quand
on compare la renommée consécutive de David et l’obscurité
consécutive de Elhanâm, on serait tenté d’en
créditer l’exploit à Elhanam. En réalité
David semble être passé à la postérité
comme général particulièrement victorieux dans l’armée
de Saul. "Dans ses sorties, partout où l’envoyait Saül,
David remportait des succés, et saül le mit à la tête
des hommes de guerre ; il était bien vu de tout le peuple, et même
des officiers de Saül" ( I Samuel 18 : 5).
Il n’y a pas de doute sur la base de la réputation qu’il
en acquis et dont il conçut ensuite l’idée de devenir
roi lui-même.
Comment a-t-il pu l’espérer ? Et quelle fut l’attitude
de Jonathan sur les commérages qu’il a dû entendre
? Les écrits restants ( mais souvenons-nous qu’ils viennent
des scribes du roi David suggèrent qu’il approuva les ambitions
de son ami.
S’étant mis en route, Jonathan, fils de Saül, vint auprès
de David à Horsha et le réconforta au nom de Dieu. Il lui
dit « sois sans crainte, car la main de mon père Saul
ne t’atteindra pas. C’est toi qui règnera sur Israël
et moi je serai ton second ; mon père Saül lui-même
le sait bien." ( I Samuel 23 : 16-17).
C’est difficile de savoir si l’on doit y croire. Il est juste
possible qu’il y ait eu un accord tacite à l’époque
de Saül qui faisait que quiconque fut roi devait avant tout être
un chef militaire victorieux et que David plus que Jonathan avait eu ce
don. Mais si c’était le cas, l’héritier présomptif
ne devrait-il pas se sentir jaloux de son rival plutôt que de lui
témoigner son affection ?
J’ai
volontairement sous-estimé plutôt que surestimé ce
qui ressemblait à la passion dans leur relation. Cette relation
était bien d’ordre émotionnel, mais en se basant sur
ce que nous avons comme texte, nous ne pouvons pas en dire plus. D’un
autre côté, répétons que si il y avait plus
que cela, les témoignages qui nous restent ne l’auraient
pas montré ; et cela a toujours été reconnu par tous
ceux qui étudient l’Ancien Testament que cette relation a
été unique en intensité. Les mots avec lesquels David
pleure la mort de Jonathan sont ( soulignons le) un témoignage
vibrant d’intensité : "J’ai le cœur serré
à cause de toi, mon frère Jonathan. Tu m’étais
délicieusement cher, ton amitié m’était plus
merveilleuse que l’amour des femmes" ( II Samuel 1 : 26).
Chapitre 3: l'Homosexualité dans le Nouveau
Testament
Une
fois encore, tous les textes qui nous concernent – même dans
les célèbres épîtres de Paul – sont très
peu nombreux. Il y a au plus quatre références à
l’homosexualité dans le Nouveau Testament. Commençons
par la plus simple ( mais aussi la moins certaine). "Dehors les chiens, les sorciers, les impurs, les assassins,
les idolâtres et tous ceux qui se plaisent à faire le mal"
( Apocalypse 22 : 15).
Il est hautement probable, bien que pas absolument certain que «
chiens » ici provienne du deutéronome 23 : 17-18. Je me suis
référé au verset 17 dans le chapitre précédent
; ici encore avec le verset suivant : "Il demeurera avec toi, parmi les tiens, au lieu qu’il
aura choisi dans l’une de tes villes où il se trouvera bien
; tu ne le molesteras pas. Il n’y aura pas de prostituée
sacrée parmi les filles d’Israël, ni de prostitué
sacré parmi les fils d’Israël. Tu n’apporteras
pas à la maison de Yahvé ton Dieu le salaire d’une
prostituée ni le paiement d’un chien, quel que soit le vœu
que tu aie fait : car tous deux sont en abomination à Yahvé
ton Dieu ». ( Deutéronome 23 : 17-19)
Tout comme le mot hébreu pour désigner un prostitué
sacré masculin est quadesh ou « saint homme », la version
féminine ici est q’deshah ou « sainte femme ».
En quoi consistait sa fonction ne peut être que supposé à
cause du très rare usage qu’il est fait du mot. Le mot hébreu
habituel pour une prostituée sacrée est zonah, comme dans
la deuxième phrase du texte. L’autre usage de q’deshah
en dehors de ce passage est fait dans Genèse 38, où Tamar
s’offre elle-même à Juda, non pas en tant que zonah
mais en tant que q’deshah.
A cela nous devrions probablement lier l’acte de Ruth dans Ruth
3, une relation que le livre lui-même fait en 4 : 12. Ce que ces
actes ont en commun est qu’ils prennent place dans le contexte d’un
genre d’action de grâces, et tout ce que nous pouvons supposer
( mais ce n’est qu’une hypothèse) est que la q’deshah
est elle-même attachée au sanctuaire local pour satisfaire
le plaisir des « fidèles ». En ce cas, sa fonction
était plus une sorte de complaisance que ce ne l’était
pour le qadesh.
Ces
précisions faites ( que probablement l’auteur de l’Apocalypse,
par « chiens » voulait dire « sodomites ») la
lecture de l’extrait ci-dessus apparaît facilitée si
on utilise les mots hébreux là où c’est approprié
: Il n’y aura pas de q’deshah parmi les filles d’Israël,
ni de qadesh parmi les fils d’Israël. Tu n’apporteras
pas à la maison de Yahvé ton Dieu le salaire d’une
zonah, ni le paiement d’un keleb… » Le parallèle
est clairement établi entre le féminin q’deshah ou
zonah d’un côté et le masculin q’adesh ou keleb
de l’autre.
L’auteur de l’Apocalypse aura lu sa Bible ( ou ce que nous
appelons l’Ancien Testament) dans la version grecque de la Septante
où, nous l’avons vu, qadesh est traduit par « sodomite
». C’est une déduction logique que les « chiens
» de l’Apocalypse 22 : 15 désignent les « sodomites
» le mot en soi ne pouvant être prononcé. La même
chose est probablement vraie pour Philippiens 3 : 2 où Paul met
en garde ses lecteurs « Prenez garde aux chiens ».
Les
deux exemples restants de Paul condamnant l’homosexualité
sont beaucoup plus intéressants et, beaucoup de lecteurs le sentiront,
vont plus au cœur du sujet. Le premier, j’en suis désolé,
est un peu long :
"En
effet, la colère de Dieu se révèle du haut du ciel
contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui
tiennent la vérité captive dans l’injustice, car ce
qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu,
en effet le leur a manifesté. Ce qu’il a d’invisible
depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence
à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa
divinité, en sorte qu’ils sont inexcusables ; puisque, ayant
connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu, gloire ou
action de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements
et leur cœur inintelligent s’est enténébré
: dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous
et ils changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation,
simple image d’hommes corruptibles, d’oiseaux, de quadrupèdes,
de reptiles.
Aussi Dieu les a-t-il livrés selon les convoitises de leur cœur
à une impureté où ils avilissent eux-mêmes
leurs propres corps ; eux qui ont échangé la vérité
de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de
préférence au Créateur, qui est béni éternellement.
Amen.
Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes
car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour
des rapports contre nature ; pareillement les hommes délaissant
l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir
les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme
à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable
salaire de leur égarement. Et comme ils n’ont pas jugé
bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés
à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas
: remplis de toute injustice, de perversité, de cupidité,
de malice, ne respirant qu’envie, meurtre, dispute, fourberie, malignité,
diffamateurs, détracteurs, ennemis de Dieu, insulteurs, orgueilleux,
fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, insensés,
déloyaux, sans cœur, sans pitié, connaissant bien pourtant
le verdict de Dieu qui déclare dignes de mort les auteurs de pareilles
actions, non seulement il les font, mais ils approuvent encore ceux qui
les commettent ". ( Romains 1 : 18-32).
Si
certains des propos semblent injustes, reconnaissons aussi qu’il
y a un magnifique morceau d’invectives et que c’est la nature
de cette invective en tant qu’art rhétorique, d’être
injuste. L’injustice est surtout présente dans le premier
paragraphe, après celui-ci on peut s’arranger de la suite.
En bref, l’argumentation est que l’idolâtrie est à
la base de presque toutes les autres perversités et le genre d’idolâtrie
auquel pense Paul est indiqué à la fin du premier paragraphe
; et cela nous pose un problème. On peut supposer, et tout dans
le deuxième et troisième paragraphe va en ce sens, que c’était
l’idolâtrie grecque à laquelle il pensait, mais les
grecs n’ont jamais pensé à leurs dieux en tant «
qu’oiseaux ou quadrupèdes, ou reptiles ». Les Egyptiens
oui, et des variantes de la religion égyptienne étaient
répandues en Orient où Paul a principalement agi. Est-il
seulement inattentif, ou délibérément malveillant
en réunissant les deux sans faire de distinction ? Probablement
( il faut le dire) est-il malveillant, parce qu’il a également
réunis deux sortes de paganisme grec ensemble dans une intention
volontairement malveillante. Pour schématiser il y avait en Grèce
deux formes de religion : celle des philosophes et celle du peuple. Les
philosophes, plus avisés que ceux de l’Occident actuel, se
conformaient apparemment à la religion populaire, mais la comprenaient
et l’interprétaient d’une façon différente.
Le peuple, en gros, croyait que la mythologie de la religion grecque était
vraie sans trop remettre en question la signification de cette vérité.
C’est du moins ce que l’on pense, à la différence
de ce que fait une religion fondamentaliste moderne. Les philosophes dans
l’ensemble approuvaient tacitement qu’il n’y avait pas
un mot de vrai. Certains, néanmoins considéraient que c’était
sans grande importance, mais que les histoires étaient des images
utiles d’idées abstraites qui pourraient être tenues
pour vraies. Mais il y en avait plein d’autres qui auraient été
d’accord avec Paul sur le fait que beaucoup de cette imagerie était
grossière et charnelle, et ainsi encourageait la grossièreté
et la sexualité chez le peuple qui y croyait. C’est ici que
l’inobjectivité réelle du premier paragraphe réside.
Paul ne fait pas de distinction entre le paganisme philosophique et le
paganisme populaire, et il suggère même ( …dans leur
prétention à la sagesse, ils sont devenus fous et ils ont
changé la gloire de Dieu, incorruptible, contre une représentation…)
que le paganisme populaire est la conséquence du paganisme philosophique,
ce qui est une parfaite contrevérité.
Avant
que nous examinions l’argument restant, je voudrais ajouter quelques
commentaires. Les Romains qui dirigeaient tout cela, partage aient en
gros le point de vue des philosophes considérant qu’il n’y
avait pas un mot de vrai. Mais ils considéraient également
la religion ( à juste titre je pense) comme un moyen essentiel
de stabilisation de la société. Leur solution était
de permettre aux philosophes une liberté absolue pour dire ce qu’ils
voulaient en écrit et en parole entre eux . La barrière
du langage écrit était suffisamment forte à cette
époque pour s’assurer que très peu des idées
dérangeantes des philosophes pourraient avoir un large auditoire.
Les chrétiens ont écopé des autorités romaines
car leur succès alarmant a fait tomber cette barrière. Leur
but était de convaincre chacun qu’il n’y avait aucune
vérité dans le paganisme populaire, et ils ont mis par écrit
leurs idées qui étaient d’abord faciles même
pour les moins intelligents.
Le fait, qu’aux yeux des Romains, ce que les chrétiens tenaient
pour vrai n’était pas plus vrai que ce qu’ils condamnaient
comme faux n’était pas la considération majeure (
ce qui était de fait beaucoup plus grossièrement superstitieux).
Ce qu’ils recherchaient était de n’avoir aucun trouble
dans la croyance populaire. L’autre point concerne la religion d’Egypte.
Quand Paul condamne les images de Dieu « ressemblant…aux oiseaux,
aux quadrupèdes, aux reptiles », c’est difficile d’écarter
l’idée que la mythologie Egyptienne est ce à quoi
il fait allusion. Cependant la grande critique qu’il fait de l’idolâtrie
est la permissivité sexuelle qu’elle encourage. Pourquoi
donc ne fait-il pas mention de la pratique Egyptienne courante à
l’époque ( qui nous horrifie encore) de l’acceptation
répandue des mariages entre frères et sœurs ?
Mais
revenons au texte : « Aussi Dieu les a-t-il livrés selon
les convoitises de leur cœur à une impureté où
ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps … »
Cela heurte les lecteurs modernes comme étant une déduction
injuste mais, comme nous l’avons vu plus haut, il y aurait eu beaucoup
de païens contemporains de Paul qui l’auraient approuvé
dans le fait que la permissivité de la mythologie grecque encourageait
la permissivité des fidèles. « Ils avilissent eux-mêmes
leurs propres corps » pourrait bien traduire la notion moderne de
« sexe récréatif » et cela bien sûr nous
pose la question de savoir si le « sexe récréatif
» n’est pas en fait une bonne chose ( bien qu’il ne
semble pas l’avoir été pour la plupart des contemporains
de Paul). Si « libération » est votre mot d’ordre,
alors ça y ressemble ! Autrement, je ne le pense pas. La question
est mieux débattue dans le chapitre suivant. Pour l’instant
nous remarquons que l’on peut faire cas du lien qu’a établi
Paul entre la mythologie grecque et un relâchement sexuel.
C’est ce relâchement sexuel qui prend l’apparence de
ce que Paul considère sans aucun doute être une perversion
sexuelle. Concernant a pratique du lesbianisme entre femmes ( verset 26)
et de l’homosexualité entre hommes ( verset 29), et bien
qu’il soit difficile de savoir ce qu’il signifie par : «
recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur
égarement », il semble vouloir dire qu’ils et elles
souffriraient de quelques conséquences désagréables.
C’est peut-être parce que, vierge lui-même, il était
assez naïf pour penser que les maladies vénériennes
n’affectaient que les homosexuels (comme il y en a de nos jours
qui pensent que le Sida est une maladie qui ne touche que les homosexuels).
Une fois encore, si nous considérons le terme lourdement chargé
de « perversion sexuelle », l’observation est probablement
exacte. Les références au lesbianisme sont difficiles à
trouver dans la mythologie grecque. Il est seulement possible que l’attitude
de Diane envers ses suivantes vierges soit prise comme un exemple de lesbianisme
« mental » mais toutes les histoires établissent clairement
que pour elle, l’absence d’hommes signifiait l’absence
de sexualité, quelle qu’elle fut. Ce fut la poésie
de Sapho ( née vers 612 avant J.C.) qui, dans le monde antique,
a fourni l’étendard des femmes lesbiennes libérées.
Des histoires d’amours homosexuelles masculines entre des dieux
sont par ailleurs presque trop nombreuses pour être mentionnées
: Zeus et Ganymède, Apollon et Hyacinthe, Hercule et Hylas, de
même que les héros Achille et Patrocle fournissent toutes
les justifications dont tout homme aurait besoin pour déclarer
sa préférence sexuelle pour garçons plutôt
que pour les filles. Le plus grand prestige qui est attaché aux
modèles masculins d’homosexualité par rapport aux
modèles féminins reflète sans doute les vies plus
retirées des femmes de l’antiquité comparées
à celles des hommes.
Le
paragraphe final de l’extrait est l’un de ceux que les lecteurs
modernes auront le plus de mal à avaler, en dépit du fait
que notre monde, plus qu’aucun dans l’histoire de l’humanité
( y compris du temps de Paul) fournit la justification la plus forte pour
l’argumentation de Paul. Ce qu’il semble vouloir dire est
que le relâchement des mœurs sexuelles conduit à un
relâchement plus général, puisque les liens de la
société sont essentiellement un élargissement des
liens de la famille. Il semble s’appuyer sur le fait que le genre
de liberté sexuelle qu’il y avait autour de lui, avait tendance
à dissoudre les liens de loyauté et de fidélité
sur lesquels reposent le mariage, et par extension dissoudraient les liens
de la société dans son ensemble. Même si nous ne pouvons
que nous réjouir des libertés modernes, on ne peut pas nier
qu’elles ont infligé de gros dégâts à
l’institution du mariage, et de là ont généré
toute une armée d’adolescents qui ont grandi sans supervision,
sans lien de loyauté et d’affection en dehors de ceux qu’ils
ont choisi pour eux-mêmes ( souvent de nature douteuse), et sans
aucun élément d’éducation morale dans leur
développement. Il y a des tas de personnes dans les médias
qui insistent sur le fait qu’il n’y a rien de vraiment nouveau,
qu’il y a toujours eu des familles atypiques et conséquemment
des jeunes gens mal-aimés, asociaux, et souvent violents et criminels.
Oui, cela a toujours été. Ce qui est nouveau c’est
l’échelle à laquelle nous permettons que cela arrive
et la complaisance avec laquelle nous acceptons la situation, en comparaison
avec les signaux d’alarme qu’ont toujours ressentis les générations
précédentes et sur lesquelles ils ont agi. Suis-je venu
pour enfoncer Paul ou pour l’encenser ? N’étais-je
pas supposé critiquer son point de vue sur l’homosexualité
? Oui, bien sûr, mais c’est une bonne chose quand on veut
critiquer un opposant, de commencer par établir honnêtement
les faits dans leur contexte ( même si, je le concède, cela
n’a jamais été la façon de faire dans l’Histoire
de l’Eglise Chrétienne). J’ai dit tout ce qui pouvait
être dit pour appuyer les propos de Paul ; maintenant voyons ce
qui peut les contredire.
La
première chose à souligner est que Paul semble presque partir
du postulat que l’on pourrait choisir d’être homosexuel
ou non ( il en était de même dans l’Eglise chrétienne,
il n’y a pas si longtemps). Il semble suggérer que l’homosexualité
est générée par les conduites licencieuses plus que
par la nature propre de chacun. D’un autre côté, il
est bien conscient qu’il y en a beaucoup pour qui l’abstinence
sexuelle totale n’est pas possible : « je dis toutefois
aux célibataires et aux veuves qu’il leur est bon de demeurer
comme moi. Mais s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient
; mieux vaut se marier que de brûler ». ( I Cor.7 :8-9).
Ou encore : « Si quelqu’un pense, étant en pleine ardeur juvénile,
qu’il risque de mal se conduire vis – à vis de sa fiancée,
et que les choses doivent suivre leur cours, qu’il fasse ce qu’il
veut : il ne pèche pas, qu’ils se marient » (
I Corinthiens 7 : 36).
N’y a-t-il que les hétérosexuels qui ont ce genre
de compulsions ? Pourquoi devrions nous le penser ? Et si non, pourquoi
le même remède ne pourrait-il pas s’appliquer aux homosexuels
comme aux autres ? En quelle mesure le mariage serait-il ébranlé
par le désir qu’ont les homosexuels aussi de vivre à
la fois calmement, dans le cadre d’une vie familiale, sainement
et sexuellement ? On pourrait dire que beaucoup d’homosexuels ne
le recherchent pas, qu’ils veulent l’excitation et la proximité
sordide sans repos. A supposer que cela soit vrai, est-ce une raison pour
empêcher la minorité qui ne le souhaite pas ?
Quand
j’étais jeune, il était impossible pour un homosexuel
d’admettre sa condition sauf en une seule circonstance : non pas
en privé ( on ne pouvait généralement pas confier
ce terrible secret même à ses amis les plus proches), la
seule circonstance où l’on pouvait reconnaître son
homosexualité était au cours des situations de dépravations
difficilement imaginables. C’est ce genre de situations que le christianisme
a condamné pendant des siècles et c’est ce genre de
situation qui se développerait si la condamnation des fondamentalistes
devait de nouveau se répandre.
Je ne donne pas beaucoup de crédit à l’idée
qu’il y aurait un gène détectable qui provoquerait
l’homosexualité ; cela ressemblerait à une sorte d’erreur
de laboratoire. Mais une chose est certaine : on ne choisit pas de devenir
homosexuel, on découvre qu’on l’est. Même l’Eglise
semble prête à l’admettre aujourd’hui, et l’admettre
change aussi toute la donne de la condamnation traditionnelle.
Ce n’est pas Dieu qui désire que les homosexuels, à
la différence des autres hommes, aient une vie de chasteté,
mais un ecclésiastique ou un groupe d’ecclésiastiques.
Et en les ecclésiastiques espèrent-ils que tous les homosexuels
tentent de vivre sans sexe, sans autre raison que parce que des hommes
d’Eglise le leur demandent ?
Le
deuxième passage des écrits de Paul que nous devons regarder
en détail est le suivant : « Ne savez-vous pas que ceux
qui pratiquent l'injustice n'auront aucune part au royaume de Dieu ? Ne
vous y trompez pas : il n'y aura point de part dans l'héritage
de ce royaume pour les débauchés, les idolâtres, les
adultères, les pervers ou les homosexuels, ni pour les voleurs,
les avares, pas plus que pour les ivrognes, les calomniateurs ou les malhonnêtes.».
( I Corinthiens 6 : 9-10 selon la traduction de la Bible du Semeur).
Je serais surtout intéressé de savoir ce qu’il veut
dire par « ne pas hériter du Royaume de Dieu », mais
avant de le faire il faut soulever les questions à propos des homosexuels.
Une note en marge de la traduction anglaise RSV (Revised Standard Version)
nous dit que « deux mots grecs sont utilisés pour cette expression,
et ces deux mots en question sont malakoi et arsenokotai. Les malakoi
( sentimentaux) sont les homosexuels passifs, et les arsenakotai ( ceux
qui couchent avec les hommes) les actifs. Paul mentionne les deux spécifiquement
car, dans la culture de cette époque, le rôle d’homosexuel
passif était plus considéré comme ridicule que comme
immoral. A cette époque on perdait sa dignité et son statut
si l’on était connu comme passif. Les anciens esclaves, quelles
que furent les richesses et l’influence qu’ils pouvaient acquérir,
ne pouvaient pas se défaire de cette « tache » d’avoir
satisfait leur maître de cette façon. C’était
fait comme allant de soi.
Ce qui nous semble affreusement injuste est que l’esclave qui avait
satisfait son maître sous la menace de punitions inimaginables pour
ne serait-ce que penser à résister encourait l’opprobre,
alors que son maître n’encourait rien. En tant que partenaire
actif dans une relation, le sexe, l’âge ou la condition de
l’autre importait peu ; on ne souffrait pas d’une perte d’honneur
ni d’estime. D’un autre côté, la seule personne
qui pouvait se plier à l’étreinte d’un homme
sans aucune sorte de honte était son épouse légitime.
Dans le cas de l’homosexualité, Paul refuse cette distinction,
les deux partenaires sont également « coupables »,
et j’oserai dire que beaucoup d’entre nous lui en seraient
reconnaissants. Mais donc, qu’en est-il de « ne pas hériter
du Royaume de Dieu » ? Quelle punition terrible est-elle ici encourue
par les « impurs » idolâtres, adultères , homosexuels…
» et ainsi de suite ?
Est-ce
que Paul veut vraiment dire que quand ces gens là meurent ils n’iront
pas aux cieux ? En fait, nous avons une assez bonne idée de ce
qu’il veut dire, et il ne semble pas que ce soit quoi que ce soit
de ce genre. Peut-être que le plus authentique de tous les propos
attribués à Jésus dans les Evangile est «
En vérité je vous le dis, il en est d’ici présents
qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de
Dieu venu avec puissance » ( Marc. 9 : 1).
Ce que Jésus prophétise ici ( et il semble certain qu’il
le fit ainsi) est qu’il reviendra sur terre pour établir
son royaume alors que beaucoup de ses auditeurs présents seront
toujours vivants. La prophétie originale peut même encore
plus confondre l’imagination que cela. Il y a un passage dans I
Corinthiens qui établit clairement à un moment donné
que Paul a assuré que chacun serait encore vivant au retour de
Jésus sur terre : « Que chacun donc s’éprouve soi-même et qu’ainsi
il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit,
mange et boit sa propre condamnation , s’il ne discerne le corps.
Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de malades et d’infirmes
et que bon nombre sont morts" ( I Cor. 11 : 28-30)
La conclusion ici est que ceux qui sont morts ont réellement manqué
le Royaume de Dieu, duquel n’hériteront que ceux qui seraient
encore en vie au moment de son inauguration. Gardons à l’esprit
que même l’Evangile de Marc ( le plus ancien) a probablement
été écrit bien après la mort de Paul. Il se
pourrait bien que la prophétie originale de Jésus ait été
modifiée par la suite alors que des membres bien aimés de
l’Eglise chrétienne commençaient à mourir.
En aucun cas, dans ses écrits, Paul n’abandonne sa croyance
que lui-même sera encore en vie au moment de l’apparition
du Christ. Ceci est le dernier point de vue qu’il ait écrit
: « Oui je vais vous dire un mystère : nous ne mourrons
pas tous, mais tous nous serons transformés. En un instant, en
un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera,
la trompette et les morts ressusciteront, incorruptibles, et nous, nous
serons transformés » ( I Cor. 15 : 51-52).
En
d’autres mots, ceux qui sont morts n’hériteront pas
du Royaume, mais beaucoup de ceux parmi nous qui restent seront encore
en vie ( à ce propos, nous ne pouvons pas voir dans cet extrait
et le précédent, bien qu’ils soient réunis
dans un seul document que nous connaissons comme la première lettre
aux Corinthiens, une quelconque relation entre eux. Il est évident
à quiconque lit les Epîtres aux Corinthiens d’une traite
qu’elles sont faites de fragments de lettres qui étaient
initialement beaucoup plus nombreuses que deux).
Les morts ressusciteront incorruptibles, et nous qui sommes toujours vivants
verront nos corps miraculeusement transformés de mortels en immortels.
Quand Paul dit qu’il nous confie un mystère, il ne veut nullement
dire que ses propos sont difficiles à croire. Il veut dire que
cette information lui est parvenue par révélation directe.
L’ensemble des propos ci-dessus et ceux qui suivent jusqu’à
la fin du chapitre, sont en fait parfaitement intelligible une fois abandonnée
l’obligation inutile de trouver un sens que l’on doive absolument
tenir pour vrai. L’histoire a montré que la foi de Paul n’est
pas rationnelle, cela ne la rend en aucun cas difficile à comprendre.
Ainsi,
s’il est vrai que les homosexuels n’hériteront pas
du Royaume de Dieu, qu’ils se rassurent : personne d’autre
n’en héritera. Paul est mort sans en hériter au sens
où il l’entendait et il en de même des saints et de
tous les pécheurs. Il n’y a pas lieu d’être méprisant
pour autant. Aucune société ne peut totalement s’affranchir
de l’idée qu’il y ait une récompense à
la vertu. Et d’un autre côté aucune société
n’a pu établir de façon convaincante que c’était
le cas. L’Ancien Testament essaye à maintes reprises de récompenser
les vertueux, parfois avec richesse et honneur ( I Rois 3 : 13) , parfois
avec une grande longévité ( Exode 20 : 12). Le psalmiste
n’a jamais vu « le juste oublié ou ses enfants mendier
leur pain » mais les commentateurs sont généralement
d’accord sur le fait qu’il doive tourner en rond avec ses
yeux clos.
Rarement
nous entendons la vérité troublante :
«
Qu’est devenue, dites-vous, la maison du grand Seigneur
Où est la tente qu’habitaient les méchants ?
N’interrogez-vous pas les voyageurs,
Méconnaissez-vous leurs témoignages ?
Au jour du désastre le méchant est épargné,
Au jour de la fureur, il est mis à l’abri
Et qui donc lui reproche en face sa conduite
Et lui rend ce qu’il a fait ?
Il est emporté au cimetière
Où il veille sur son tertre.
Les mottes du ravin lui sont douces
Et, derrière lui, toute la population défile "
( Job 21 : 28-33)
Ou:
"Il
y a une vanité qui se fait sur la terre : il y a des justes qui
sont traités selon la conduite des méchants, et des méchants
qui sont traités selon la conduite des justes » ( Ecclésiaste
8 : 14)
De
tels propos sont sans doute passionnants pour l’artiste mais sans
aucune utilité au moraliste. Non pas que le rôle du moraliste
soit intentionnellement mensonger ou presque inutile ( bien que tout au
long de l’Histoire, des moralistes aient été l’un
et l’autre). Quand l’Ecclésiaste s’écrit
« Vanité des vanités ! tout est vanité »
Il veut dire qu’une observation minutieuse de la condition humaine
montre qu’elle n’a ni sens ni signification, et je dois le
redire, il a raison mais c’est inutile. Et si notre situation ne
nous apporte ni signification ni dessein, nous devons en créer
pour nous-mêmes à la fois en tant qu’individus et que
société. Quel que soit notre sens moral, il découle
de la vision que nous aimerions signifier, ou de ce que la société
dans son ensemble voudrait signifier. Si notre dessein paraît illusoire
à autrui ( même si nous pouvons le voir par nous-mêmes)
cela ne justifie pas de le délaisser. Le choix dans ce cas ( et
je crois que c’est notre vraie situation) est entre un sens illusoire
de signification et aucun sens de signification du tout. On doit ajouter
que quelle que soit la signification qu’un sécularisme moderne
essaye de trouver à l’existence humaine ( bien qu’en
général il faille même se méfier de considérer
cette question), ces notions sont autant artificielles, autant clairement
illusoires que n’importe quelle notion religieuse qui s’auto
félicite d’avoir émergé.
Ainsi,
il s’est trouvé que Paul a eu tort mais quiconque n’a
jamais essayé de nous guider sur le sentier de la vertu se trouvera
un jour avoir tort. Ce n’est pas tant lui qui doit être critiqué
que ceux qui refusent qu’il n’ait jamais pu se tromper. (
honnêtement je suis forcé d’admettre qu’il a
lui-même et ce genre d’observation – cf. I Cor. 2 :
16 – 7 : 25 et 40b – 11 : 16).
Il se peut que l’homosexualité soit une erreur, mais si cela
est, c’est pour d’autres raisons que celles que Paul a avancé.
Peut-être que cela peut avoir de graves conséquences, mais
si c’est le cas Paul a complètement échoué
à découvrir ce qu’elles sont. Ainsi, si les fondamentalistes
sont décidés à condamner l’homosexualité,
comme les Pharisiens condamnaient les disciples, ils doivent trouver d’autres
arguments que ce que dit la Bible.